Bragg Brothers | L’interview sur leur film « Pinball: The man who saved the game »

Les occasions de voir du flipper au cinéma sont rares. Alors quand nous avons découvert qu’un film se préparait sur l’aventure de Roger Sharpe, nous avons contacté les réalisateurs. Ces deux frères, Meredith et Austin Bragg, signent avec Pinball: The Man Who Saved the Game leur premier long métrage.

Un petit rappel sur le personnage de Roger Sharpe et sa contribution à l’histoire du flipper : dans les années 1940, le flipper fut interdit dans plusieurs Etats américains, sous le prétexte qu’il s’agissait d’un jeu de hasard. Donc à proscrire. Tous les flippers furent donc interdits, détruits et pour certains jetés dans l’Hudson River.

A New York, il fallut attendre 1976 pour lever l’interdiction. Roger Sharpe fit la démonstration qu’il ne s’agissait plus d’un jeu de hasard, mais d’un jeu d’adresse. La phrase qui fit basculer la décision fut la suivante : « regardez, il s’agit d’adresse, parce que si je tire le lance-bille juste comme il faut, la bille passera précisément, je l’espère, dans ce couloir ». Et ce fut le cas. Le Conseil Municipal de New York vota à l’unanimité l’abolition de l’interdiction.

Un grand monsieur donc ! Au passage Zach Sharpe, l’un de ses fils, travaille aujourd’hui chez Stern Pinball 🙂

Mais revenons à nos moutons, voici donc l’interview du duo à l’origine du film !

Bonjour, c’est un plaisir de discuter avec vous ! Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter ?

Meredith : Merci ! Nous avons été ravis de recevoir la demande d’interview.

Je suis Meredth Bragg, la moitié de l’équipe de scénaristes et de réalisateurs de Pinball : The Man Who Saved the Game.

Austin : Je suis Austin Bragg, l’autre moitié !

Austin et Meredith Bragg - Pinball: The Man Who Saved The Game
Austin and Meredith Bragg, les réalisateurs du film sur Roger Sharpe.

Sauf erreur de ma part, c’est la première fois que vous réalisez un biopic. Pourquoi l’histoire de Roger Sharpe vous a-t-elle inspiré ?

Meredith : C’est parti d’une anecdote : le flipper était illégal et un type avec une moustache extraordinaire a contribué à renverser la loi en prouvant que ce n’était pas un jeu de hasard. Nous n’en savions pas beaucoup plus que ce qui était facilement disponible sur Internet.

Austin : L’un d’entre nous a écrit l’info dans un Google Doc que nous utilisons pour partager des idées, puis nous l’avons rapidement oublié.

Meredith : Puis, juste avant l’arrivée du COVID, j’ai parcouru le document et décidé d’envoyer un e-mail à Roger. Je voulais voir si ça ne le dérangerait pas de me parler. Je pensais qu’il pourrait s’agir d’un court documentaire. Mais lors de cet appel, j’ai découvert d’autres aspects de sa vie à cette époque et j’ai réalisé qu’il y avait une histoire plus profonde, universelle, qui n’avait pas été racontée.

Austin : Meredith m’a appelé immédiatement après et m’a dit « Je pense que ça pourrait être un long métrage ! ».

Roger Sharpe
Roger Sharpe faisant la démonstration que le flipper est un jeu d’adresse. Avec la moustache !

Roger Sharpe a-t-il collaboré directement au scénario ?

Meredith : Absolument. Roger était là dès le début, tout au long du processus d’écriture, et sur le plateau. Ce projet n’aurait pas vu le jour s’il n’avait pas été à bord.

Austin : Au total, nous avons dû passer des jours avec Roger sur Zoom, (les confinements du COVID ont eu un bon côté à cet égard…) à lui poser des questions sur sa vie et les circonstances de l’époque. Et à son crédit, Roger a été extrêmement ouvert et honnête avec nous sur tous ces aspects.

Roger Sharpe aujourd’hui. Crédit : https://onwisconsin.uwalumni.com/

Êtes-vous, vous-même, des joueurs de flipper ?

Meredith : Nous le sommes maintenant ! Mais pas des bons.

Austin : J’ose dire que je me suis amélioré, mais vu mon niveau de départ, je ne pouvais que progresser!

Si oui, où jouez-vous ? (à la maison, dans les barcades, ailleurs ?)

Meredith : Quand nous tournions dans la vallée de l’Hudson, nous allions dans une barcade à Beacon, NY. C’est là que nous sommes tombés amoureux du Theatre of Magic.

Backglass Theater of Magic

Austin : Plus près de chez nous, nous avons trouvé un endroit génial dans le Maryland, appelé Spinners Pinball Arcade, tenu par Joe Said – il a eu la gentillesse de nous laisser visiter les lieux et de répondre à un tas de questions que nous avions sur la mécanique et le tournage des machines.

Préférez-vous certains flippers en particulier (les vieilles machines électromécaniques, les flippers des années 90, les machines récentes ?)

Meredith : J’ai un penchant pour les machines EM, presque certainement parce que nous avons vécu dans ce monde pour ce film. Fireball et Theatre of Magic sont deux de mes machines préférées.

Austin : J’ai certainement un faible pour Bank Shot, mais j’ai aussi passé un temps fou sur Jurassic Park (2019).

La communauté du flipper va certainement regarder votre film, mais il s’agit d’une audience limitée…. Qui est votre public cible ?

Meredith : Nous avons essayé de créer un film que toute la famille peut regarder, quelle que soit sa connaissance du flipper. Ce n’est certainement pas une condition préalable pour apprécier le film.

Austin : Cela dit, nous avons toujours été conscients que la communauté du flipper serait particulièrement intéressée et nous avons fait tout notre possible pour que cet aspect du film soit correct. Le fait d’avoir Roger comme producteur exécutif fut un énorme soutien à cet égard.

Pinball, le film sur Roger Sharpe

Comment avez-vous réussi à financer ce film ?

Austin : Tous nos remerciements vont à MPI Original Films, qui a lu le scénario et a décidé de nous donner une chance. Ils nous avaient donné une chance l’année précédente sur un court-métrage intitulé « A Piece of Cake » et ont cru non seulement en nous mais aussi en l’importance de l’histoire de Roger.

Les acteurs, en particulier Mike Faist qui joue le rôle de Roger Sharpe jeune, ont-ils dû apprendre à jouer au flipper ?

Meredith : Personne n’était un magicien du flipper quand nous sommes arrivés sur le plateau, mais Mike a certainement joué suffisamment pour devenir bon.

Mike Feist, sans la moustache

Nous n’avons pas encore pu voir le film, mais nous supposons que vous avez filmé des séquences de flipper. Qui a joué pendant ces scènes ?

Meredith : Roger Sharpe était sur le plateau à quelques reprises, y compris le dernier jour de tournage, lorsque nous nous sommes vraiment concentrés sur les séquences de flipper. Cela aurait été criminel de ne pas lui demander de jouer.

Donc, bien que vous ne puissiez pas le voir, de nombreuses séquences d’action du flipper sont le fruit de Roger lui-même.

Avez-vous rencontré des difficultés particulières pendant le tournage ?

Meredith : Toujours ! On ne peut pas faire un film sans quelques difficultés. Eddie Cramer, qui était notre technicien flipper sur le plateau, en a affronté beaucoup.

Austin : Avec le nombre de machines présentées et leur âge, Eddie avait une tâche assez monumentale sur les bras et a fait un travail absolument remarquable. Et nous aurions eu beaucoup plus de difficultés sans l’aide de la communauté flipper, qui nous a prêté les jeux dont nous avions vraiment besoin pour raconter cette histoire correctement.

Envisagez-vous de réaliser d’autres films sur le monde du flipper ou du rétrogaming en général ?

Meredith: Rien n’est prévu pour le moment, mais si quelqu’un a une histoire de flipper vraiment géniale, nous serions ravis de l’entendre.

Merci à tous les deux ! Un dernier mot ?

Oui ! N’oubliez pas de visiter www.pinballfilm.com et de vous inscrire sur la liste de diffusion. C’est le meilleur moyen de rester au courant des dernières mises à jour concernant les lieux et les dates de diffusion du film.

[NDLR : il n’y a pas encore de distribution en France, ni de projection prévue dans des festivals français. Comptez sur nous pour vous informer si cela change]

Nick_O
Nick_Ohttps://pinballmag.fr
Collector of friends who have pinball collections.

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