Une fois n’est pas coutume, nous allons nous attarder sur la dernière sortie du constructeur de machines hybrides Multimorphic et de sa plateforme P3. Malgré leur présence actuellement cantonnée principalement aux Etats-Unis, leur offre reste intéressante et bien différente du flipper classique. Si jamais vous n’êtes pas familier de la firme et que vous avez loupé un épisode, on vous renvoie à cet article, où vous trouverez une description du fabricant Multimorphic et de sa fameuse plateforme « P3 ».
Quoiqu’il en soit, Multimorphic décide de lancer en grandes pompes son nouveau bébé, basé pour la seconde fois sur une licence, j’ai nommé : le flipper The Princess Bride. Le dernier né vient compléter un offre déjà solide en se positionnant comme le 21ème jeu disponible à l’achat.
Et même s’il y a peu de chance que l’on puisse tester cette machine sur le sol français (en tous cas, à l’heure où j’écris ces lignes), cette dernière sortie mérite malgré tout que l’on s’y attarde quelques instants.
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Le flipper, ce monde qui ressuscite des licences oubliées…
On a beau être coutumier du fait… Entre les licences obscures et les thèmes sortis de nulle part, on arrive quand même encore à être surpris !
Lorsqu’il y a quelques jours, une vidéo est venue teaser la sortie d’une nouvelle machine avec la mise en avant de l’adaptation de ce film, la plupart de la communauté est restée perplexe. Il suffit de regarder la majorité des réactions sur les réseaux sociaux pour s’en rendre compte, le thème choisi ne fait pas l’unanimité.
Et pour cause ! Même si le film n’est pas inconnu du grand public, il faut bien avouer qu’entre Jaws annoncé par Stern il y a quelques semaines et The Princess Bride, on ne joue pas dans la même cour ! Certes, Multimorphic reste un acteur bien plus modeste mais il y a fort à parier que la plupart de la sphère pinball ne s’attendait pas à voir ce thème adapté en flipper un jour.
Pour rappel, The Princess Bride est un film médiéval fantastique sorti en 1987 et qui narre une histoire de conte de fées qu’un grand père raconte à son petit-fils, le tout de manière imagée à l’écran dans ce qui pourrait être qualifié de « comédie romantique héroïque un peu ringarde », même pour sa date de sortie.
Si le film reste mignon et a su trouver son public, ça ne reste pas pour autant le chef d’œuvre du siècle dont tout le monde se souvient. Mais il offre un univers de cape et d’épée qui se prête bien à l’exercice du flipper alors, pourquoi pas ?
Faire beau dans un tout petit espace
De part sa conception, le principe du P3 Multimorphic limite franchement la notion de « world under glass ». La moitié basse du plateau étant pourvue d’un écran, il ne reste que le fond de plateau pour imaginer un design physique qui vienne compléter les différentes animations de la première moitié de plateau, qui elle, offre un design virtuel (ça va ? Vous me suivez ?).
A ce jeu-là, il faut bien reconnaitre que The Princess Bride s’en sort plutôt bien. Certes, l’assemblage des différents éléments (château, maison, pont, falaise…) fait un peu penser aux jouets des années 70, où l’on pliait des morceaux de métal peint qu’on assemblait pour donner un effet de relief. Mais le rendu final donne un résultat convaincant et on imagine sans mal la bille venir se balader dans ce petit univers médiéval fantastique.
Les rampes se fondent dans le décor, les locks de billes sont bien dissimulés et on retrouve même quelques mécanismes qui font leur effet comme :
- les épées qui se baissent devant la porte du château
- ou la bille qui monte le long de la falaise comme le chevalier le fait dans le film, le long d’une corde.
Un souci du détail, qui malgré les contraintes inhérentes au principe du P3 Multimorphic, fait office de produit « léché ».
Les animations sur le plateau ont l’air très propres et reprennent, en toute logique, de nombreuses scènes du film, qu’il va falloir rejouer sur le plateau avec votre petite bille d’acier.
Pour le reste du design, à savoir caisse, backglass et autres accessoires, c’est clairement un sans-faute. Le tout est extrêmement beau, la patte graphique qui transpose les acteurs du film sous forme de « dessin » sur les différents artworks est d’une grande qualité. Les quelques éléments propres aux versions supérieures comme le topper interactif ou les side blades en forme d’épée sont réussies.
Osons le dire : Lorsque l’on voit l’ensemble, ça donne envie.
Un gameplay limité ?
Il serait bien malhonnête de notre part de nous prononcer sur le gameplay d’une telle machine dans la mesure où ce type de produit n’a jamais été testé par aucun membre de la rédaction. Si d’ordinaire, nous nous risquons à parler de gameplay dans nos previews, nos impressions se basent sur ce que l’on peut voir en vidéo. Or ici, les phases de jeu filmées sont encore trop peu nombreuses pour que nous en tirions un quelconque avis…
La seule crainte que nous pourrions avoir est inhérente au principe même du P3 Multimorphic et pas spécialement à ce Princess Bride. La comparaison la plus proche et trouvable facilement sur le sol européen est celle des Pinball 2000 sortis chez Bally à la fin des années 90 : le principe des cibles fixes de fond de plateau qui servaient à « basher » plusieurs types de personnages différents à l’écran, selon les missions, même s’il était bien pensé, devenait bizarrement un peu redondant et plus frustrant qu’une mécanique de flipper dite classique.
Sur ce type de machine, le Multimorphic, on redoute un peu la même impression avec les fameuses drop target blanches de mi-plateau. Ces dernières font la jonction entre le plateau virtuel et le plateau réel et sont donc souvent utilisées comme éléments à viser, en rapport avec les animations qui apparaissent à l’écran. Et pour être honnête, ce mécanisme semble limiter franchement le gameplay, d’autant qu’elles sont sagement rangées en ligne droite et offrent donc un angle de tir systématiquement identique.
Pour autant, nous serions curieux de tester pour nous faire un avis définitif. Gageons qu’il ne s’agit que d’une impression en vidéo, et que la sensation en vrai est toute autre.
Multimorphic, l’offre qu’il faut apprendre à comprendre…
Bon, par contre, on peut parler de ce qui est à notre disposition : un rapide tour sur le site du fabricant et… Là c’est le drame… Avec la meilleure volonté du monde, je mets quiconque au défit de comprendre quoique ce soit dans l’offre proposée par ce fabricant.
Déjà, le concept doit être appréhendé. Une fois qu’on a compris qu’on achetait une plateforme et que des kits interchangeables sont disponibles à l’achat pour faire évoluer sa machine, on a fait le plus simple.
Ensuite il faut comprendre :
- les game kits,
- les add-on pour game kits,
- les kits qui changent le fond de plateau,
- ceux qui ne le changent pas,
- les 3rd party game kits qui ne fonctionnent qu’avec un seul plateau,
- ceux qui fonctionnent de manière autonome,
- les artworks à acheter séparément (parfois jusqu’à 10 items différents),
- les accessoires,
- et maintenant avec la sortie de Princess Bride : les différentes versions de kit, entre Standard, Limited et Collector’s (!)
Clairement et sans animosité aucune : Multimorphic dispose de l’offre la moins claire sur le marché ! Et rajouter une distinction de versions à la manière d’autres fabricants sur un concept de plateforme générique interchangeable n’apporte rien, si ce n’est une énième confusion dans cette gamme déjà si compliquée…
Remarquez, la question ne se pose pas pour nous puisque ce produit n’est pas disponible à l’achat dans l’hexagone ! Mais avouez que l‘importateur qui se met sur le sujet (en l’occurrence, il ne semble y en avoir qu’un seul actuellement), doit sérieusement avoir besoin de son tube de Doliprane à côté pour bien comprendre ce qu’il doit commander au fabricant ou non…
Débourse ton Multimorfric !
D’ailleurs, parlons-en de l’obtention de ces jolis jouets. Car si nous sommes plutôt bien au fait des prix des marques « classiques », ça donne quoi à l’achat en Europe un jouet pareil ?
Déjà, sachez que l’offre complète, telle que proposée par le fabricant aux USA n’est pas disponible pour nous (les 21 jeux, accessoires & co). Néanmoins, les 3 versions de Princess Bride (ainsi que le kit de jeu) sont disponibles à l’import en Europe. Les prix publics sont les suivants :
- Version standard : 14 784€ avec un acompte de 2 000€
- Limited Edition : 15 984€ avec un acompte de 3 000€
- Collector’s Edition : 17 220€ avec un acompte de 4 000€
- Kit de jeu uniquement : 4 980€ avec un acompte de 1 000€
Si d’ordinaire, nous ne commentons que peu les tarifs, nous pouvons décemment nous demander la cible de produits à un tel prix sur le vieux continent… Surtout face aux produits concurrents déjà, eux aussi, bien onéreux mais toujours moins qu’un Princess Bride.
Comme une envie de Multimorphic
Pour autant, ne soyons pas plus pessimistes que de raison et regardons le verre à moitié plein : si cette plateforme dispose d’autant de jeux actuellement, c’est bien qu’elle fonctionne et a su trouver son public !
Et si la dernière grosse sortie, le Weird Al’s Museum of Natural Hilarity n’était, ni incroyable dans son thème, ni dans le design de la machine, ce Princess Bride rompt avec cette précédente impression puisque la machine donne clairement envie. C’est beau et ça ne fait que renforcer cette impression d’un produit hybride de qualité, qui casse un peu les codes du flipper traditionnel. Il s’accroche depuis toutes ces années à offrir un produit différent qui allie flipper et jeux vidéo.
Qui sait, peut-être qu’un jour il viendra titiller notre communauté francophone européenne. Pour l’heure, ce type de produit étant plutôt rare et cher, il faudra nous contenter des vidéos de nos amis d’outre-Atlantique et suivre l’évolution de ce fabricant hors du commun.