Cela fait maintenant plusieurs mois maintenant que la bête est sortie des profondeurs de l’océan. Il est temps de faire le test du flipper Jaws. Comme notre Lazarus national en a fait l’acquisition, nous sommes plusieurs a avoir passé quelques heures sur la machine.
Nous ne reviendrons pas sur le descriptif du plateau (lisez la preview Jaws pour cela) mais sur l’expérience qui nous est offerte. Et il y a un peu de matière à se mettre sous la dent (de requin).
Sommaire
Test du flipper Jaws : une immersion réussie, bien qu’édulcorée
Quand on joue, est-on en train de vivre un épisode de la saga Les Dents de la Mer ? Oui, mille fois oui ! La bande-son, les animations, les call-outs sont à la fois mémorables et pertinents. Mention spéciale à l’humour qui s’y glisse lors des fins de partie, tant au moment de la loterie que de la séquence de fin. Et nouvelle mention à la chum line qui se colore de rouge pour représenter l’appât déversé dans l’eau à destination du grand requin blanc. La licence est respectée. Plus que cela : la licence est honorée par cette adaptation.
Cependant, doit-on regretter que seules les scènes inoffensives, tous publics, aient été retenues ? Tout d’abord, il faut s’y résigner : dans les productions récentes, aucun thème n’emporte 100% de sa violence quand il est transposé dans le monde du flipper. Les adaptations de films d’horreur par le fabricant Spooky Pinball ont été adoucies par exemple. Le flipper Jaws ne fait pas exception. Donc ne soyons pas surpris.
On comprend bien la raison : un flipper est destiné à trôner dans des lieux publics ou familiaux, il serait délicat de voir le pauvre Quint se faire mâchouiller sur la backglass. Et j’ai beau ne pas être puritain, un interminable buffet froid pour Grand Blanc aurait de quoi me couper l’appétit sur la durée.
Circulation de bille et plaisir de jeu
Les sensations de jeu ne sont pas universelles, et tiennent notamment à l’environnement dans lequel on joue. En la matière, une gameroom privée est probablement ce qu’on fait de mieux pour profiter d’une machine. Mais j’ai ressenti le même plaisir lors de la Jaws Launch Party, il doit donc y avoir du vrai dans les lignes à venir.
Au paroxysme de la satisfaction : shooter l’aileron. Celui-ci a beau ne pas rester longtemps relevé, la difficulté est bien dosée et sa position lorsque la bille vous est rendue est idéale pour un coup dans le mille. Même avec mon niveau moyen, il m’a été possible de le dégommer une fois sur deux, un peu plus si on ajoute les rebonds et les tentatives in extremis.
Je ne dirais pas la même chose de la bille captive dans le bateau (versions Premium et LE uniquement) qui m’a donné plus de fil à retordre. En effet, frapper la bille ne suffit pas, encore faut-il le faire avec le bon angle pour qu’elle aille valider le shoot au fond de sa cage. Mais quand le navire laisse place au Grand Blanc, tout devient simple ! Les tirs deviennent permissifs, et contrebalancent la phase précédente.
Aucune trajectoire n’est difficile sur ce flipper. De plus, l’astucieux agencement qui permet de bloquer la bille avec le troisième batteur rend les trois drop targets facilement accessibles. Il offre également un moyen de ralentir le rythme du jeu si nécessaire. Par ailleurs, la possibilité de laisser la petit raquette en position haute durant quelques secondes lors d’un multiball, en appuyant sur le bouton de la lockbar, est une petite innovation appréciée !
Test du flipper Jaws : des règles qui manquent de clarté
Le scénario principal du flipper consiste à déclencher cinq missions (Night Swim, Beach Panic, Scars, Pond Attack, Raft Attack) pour accéder au Mini Wizard Mode : Rescue Multiball. Cela paraît simple, et pourtant l’enjeu majeur de l’histoire est très mal restitué sur le plateau. D’ordinaire, il aurait dû nous être présenté sur la partie inférieure du playfield. Ici, cette zone nous parle de tous les objectifs annexes sauf de l’essentiel ! D’ailleurs, j’ai longtemps cru que la chasse aux différents requins menait à la finale…
Etre accompagné d’un connaisseur pour ses premières parties est donc utile si on veut profiter au maximum de l’expérience. Il s’agit d’un défaut récurrent sur les designs de Keith Elwin. A vouloir en offrir beaucoup, il nous perd parfois. J’ai espéré que ce plateau d’architecture plus simple s’accompagnerait d’une épure dans le code, il n’en est rien. Ce n’est pas rédhibitoire, mais il est rageant de voir notre designer manquer de si peu le perfect.
Une fois cette difficulté passée, les mécaniques se laissent apprécier. Les multiballs sont fréquents et agréables. Comme écrit précédemment, la mécanique autour du troisième batteur apporte beaucoup.
La progression du score est bien dosée et naturelle. Votre résultat sera grosso modo proportionnel à votre temps de jeu. Viser les inserts allumés fonctionne, il n’y a pas de piège majeur une fois la partie engagée. Rien à redire de ce côté-là.
Un usage limité du Stern Insider Connected
Le flipper Les Dents de la Mer tire parti de son module Insider Connected. En effet, si vous vous êtes identifié(e) grâce au QR Code, les nombres de points lors des chasses aux requins augmentent à chaque partie, tant que ceux-ci ne sont pas collectés.
Cette rémanence entre deux parties a beaucoup moins d’importance dans le déroulé du jeu que pour le flipper Venom, le précédent jeu du fabricant. Stern Pinball rode probablement cette mécanique encore nouvelle, à la recherche du bon équilibre. Il n’est pas impossible que le code évolue pour affiner la copie.
Un mini-playfield dont on pourrait se passer
Les versions Premium et Limited Edition sont dotées d’un upper-playfield dans le coin gauche supérieur. Son exploitation durant les missions laisse à désirer, tout comme le plaisir d’y promener la bille. Il s’agit du seul bémol en ce qui concerne la structure du plateau.
Tant pis pour Stern, mais tant mieux pour les acheteurs : la version Pro, amputée de ce petit plateau, ne perd pas grand chose. Vous avez donc le meilleur de l’expérience Jaws pour un peu moins cher. Voici une économie bienvenue ! Nous sommes loin de dire la même chose sur toutes les tables.
Test du flipper Jaws : un quasi sans-faute
Si on résume : l’ambiance est irréprochable, le plaisir en jeu intense. Peut mieux faire sur la clarté des règles et l’utilité du mini-playfield. Si le thème vous plaît, vous ne serez pas déçu(e). Et même sans cela, vous passerez un bon moment.
On ne peut que féliciter Stern Pinball quant à la régularité avec laquelle il produit des flippers qui oscillent entre le bon et l’excellent. Ici, nous sommes sur le haut du panier (de crabes).