A l’heure où nous écrivons ces lignes (début décembre 2020), le tournoi Pinclash a sélectionné ses participants et s’achemine vers une compétition le 5 décembre. Voici l’occasion d’expliquer comment ce type d’événement se déroule et évoquer l’univers du flipper « sportif ». Un terme un peu osé, mais j’ai des courbatures aux avant-bras après de longues sessions de jeu, alors j’assume.
Sommaire
Des qualifications bien longues, et bien masculines
Tout d’abord, Stern sponsorise le tournoi. Pour se qualifier, les participants ont dû montrer leurs capacités sur le Jurassic Park. Il leur aura fallu atteindre le wizard mode « Escape Nublar » le plus rapidement possible. En effet seuls les 24 joueurs les plus rapides ont été retenus. Pour que vous ayez une idée du challenge, le meilleur temps se situe un peu en dessous d’une heure trente de jeu. On ne se parle pas de déclencher le multibille, là ! Taylor Reese, le dernier des qualifiés, aura passé 3 heures et 50 minutes devant son flipper.
Pour prouver son score, les compétiteurs ont dû se filmer sur Twitch. Une façon simple d’ouvrir la compétition, du moins à ceux qui ont un minimum de compétences en streaming. Le tournoi a attiré quelques pointures, car parmi les 24 sélectionnés, 6 font partie des 100 meilleurs joueurs de l’International Flipper Pinball Association. Allez, 9 si on inclut les différentes façons d’établir le top 100.
Et 2 femmes pour 22 hommes. C’est probablement deux de plus que dans la plupart des événements pinball, mais peut-on s’en féliciter ? Pourquoi cette activité est-elle si « genrée » ? L’héritage des bars PMU enfumés, des salles d’arcade des années 1990 ? Espérons que l’évolution du marché fera évoluer le profil des joueurs, on s’amuse plus quand on se mélange.
Pinclash : un événement très codifié
Le tournoi en lui-même se déroulera également sur Twitch. C’est probablement le seul moyen de contourner les restrictions dues à la crise sanitaire. Comment assurer une compétition équitable, quand les joueurs n’évolueront pas dans la même pièce, pas sur les mêmes machines ? Les organisateurs ont rédigé des consignes pour le réglage de la machine, voici quelques exemples :
- Partie en 5 billes (étonnant, non ?)
- Désactivation du « ball saved »
- Tilt Bob installé (il s’agit du petit pendule qui sera à déclencher le tilt)
- Précisions sur le réglage du Tilt Bob
- Inclinaison du plateau de 7°
Des indications aussi précises concernent les logiciels à utiliser pour le streaming et les chronomètres.
Des règles qui laissent la place à (un peu) de hasard
Comment rendre une compétition de flipper attractive à regarder, quand certaines parties peuvent durer plus d’une heure ? Pour contourner la longueur des manches, les règles mettent en scène une série de défis chronométrés, de difficulté croissante. Chaque match (appelé « Tier ») se joue sur une épreuve sélectionnée au hasard parmi une liste déjà connue.
Par exemple, Pour le Tier 2 (le deuxième round), les joueurs devront déclencher le plus vite possible un des événements suivants sur leur flipper Jurassic Park :
- Atteindre ou dépasser un score de 50 millions
- Collecter un « Super Supply Drop »
- Secourir 3 membres du staff
- Enclencher le score X2
- Démarrer le mode « Control Room »
- Déclencher le CHAOS Multiball
- Déclencher le Raptor Multiball
Le nombre de points engrangés est inversement proportionnel au temps passé. Dépasser 5 minutes de jeu revient à ne pas réussir le challenge. Un moyen efficace de garder la durée des matches sous contrôle. Le joueur ayant le plus mauvais score à la fin de l’épreuve l’emporte, l’équipe organisatrice faisant sienne la devise de Pierre de Coubertin : « L’important est de participer »… Non, je déconne, écraser l’adversaire par sa supériorité reste le crédo.
Un prize money de poche
Les concurrents s’affronteront en un contre un, chaque étape éliminant donc la moitié des participants. Il n’en restera qu’un… Qui gagnera :
- 1 000 dollars
- un playfield Jurassic Park signé
- un Spike2 Scorbitron (un module qui permet de sauvegarder ses scores, les diffuser, et pleins d’autres trucs absolument essentiels)
- un translite
Au regard des efforts à déployer pour remporter une telle compétition, la récompense semble bien maigre. Le gain motive-t-il les participants ? Probablement pas, à moins qu’ils aient mal lu le règlement. Mais peu importe, cette compétition donne l’occasion de voir d’excellents joueurs à l’œuvre. Bravo aux organisateurs, qui doivent passer des heures au carré à l’organiser. Nous leur souhaitons un bel événement, avec toute la visibilité que peut offrir notre petite communauté de passionnés.