Des lumières dans les yeux | association caritative

La communauté du flipper ne manque pas d’altruistes. Nous en avons eu la preuve lors de nos échanges avec Cyril et son association Retrosmile, ou Dominique Boulart, avec qui on échange bien plus que des écrans DMD. Et ce, partout dans le monde francophone !

Nous changeons à nouveau de région pour rencontrer Benoît Petit-Demoulière, membre de l’association Des Lumières Dans Les Yeux qui intervient dans les milieux médicaux alsaciens.

Bonjour Benoît, peux-tu nous dire quelques mots sur toi ?

Je suis papa de 3 enfants et nous habitons en Alsace. Je suis chef de projet dans un centre de recherche en biologie. J’ai tapé mes premières billes quand j’avais 5-6 ans sur un méca offert à mon papa puis j’ai perdu de vue cet univers durant une trentaine d’année. J’ai redécouvert son existence en 2016 et plusieurs flippers ont circulé à la maison depuis, pour la plus grande joie de nos enfants.

Peux-tu présenter l’association Des Lumières Dans Les Yeux ?

Notre association a pour volonté d’améliorer les conditions d’accueil des lieux accueillants des enfants confrontés à la maladie. Pour cela nous plaçons des machines, des jeux, et plus particulièrement des flippers. L’utilisation des machines est bien entendue libre et gratuite.

Depuis quand l’association existe-t-elle ?

L’association a été créée en décembre 2018, mais notre action a démarré environ 2 ans plus tôt.

Peux-tu raconter la génèse de l’association ?

Lorsque j’ai redécouvert cet univers, le marché du flipper et ses passionnés, j’ai aussi découvert une communauté riche, humaine. De nombreuses initiatives m’ont intéressé, visant à valoriser ce loisir ; plus particulièrement le Project Pinball Charity qui existe depuis l’an 2000. Daniel et son équipe ont depuis placé plus de 40 flippers à travers les Etats-Unis pour apporter des sourires à tous les enfants confrontés à la maladie.

Nous avons adoré cette idée, et avec ma femme, nous avons décidé de faire de même dans l’hôpital le plus proche. Nous avons la chance d’avoir des enfants en pleine santé, et cela nous semblait important de soutenir ceux qui n’avaient pas cette chance.

Après contact avec le CHU de Strasbourg, nous avons donc placé un premier flipper : le Mousin Around. Une première collecte de fonds auprès de la communauté des flippés avait justement aidé à l’achat de ce flipper. Après quelques semaines, le retour des cadres de santé était unanime. Les enfants adoraient, et les parents aussi. La salle d’attente était passée de lieu d’ennui éclairé par la lumière blafarde des smartphones, à lieu de joie créant du lien social, les parents retrouvant ce jeu familier et heureux d’enseigner à leurs enfants le plaisir de taper la bille.

En parallèle, des discussions avec d’autres associations étaient menées pour gérer ce projet, n’ayant pas l’envie de nous lancer dans l’associatif. J’ai eu l’occasion pendant mon adolescence d’être dans ce milieu et connaissait la charge que cela pouvait représenter. Mais nous ne disposions pas de la flexibilité nécessaire pour agir sur plusieurs lieux facilement. Cela a motivé la création de l’association avec un groupe d’amis.

Dans quels hôpitaux intervenez-vous ?

Nous avons pour l’instant travaillé avec le CHU de Strasbourg (67), dans deux services (consultation pédiatrique et onco-hémato pédiatrique) et la maison Ronald MacDonald de Strasbourg accueillant les parents et fratries des enfants en soin à l’hôpital.

Récemment, nous avons pu aussi agir à l’Hôpital Pasteur 2 (Centre de la Mère et de l’Enfant), à Colmar (68) et à l’Hôpital de l’Elsau dans le service de pédo-psychiatrie.

Notre modus operandi a été défini dès le début et a rassuré les hôpitaux. Nous proposons de placer un flipper durant 3 mois et ensuite nous faisons un point sur ce que cela apporte en positif et en négatif. A partir de là, nous décidons d’investir dans une machine pour équiper ce lieu de manière durable.

Quels flippers avez-vous installés ?

Avant la création de l’association, nous avons donc placé un Mousin Around qui a tourné pendant près d’un an sans souci : plus de 25000 parties jouées ! Un World Cup Soccer 94 l’a temporairement remplacé pour une réparation. Un Ripley’s Believe it or Not a aussi été installé en parallèle pour tester l’emplacement d’onco-hématologie.

Ces deux flippers nous appartenaient à ma femme et à moi-même.

Après la création de l’association, nous avons pu investir grâce aux dons collectés et au soutien de la ville de Souffelweyersheim. Notre première machine achetée a été un Star Wars Pro (Stern Pinball). Nous avons aussi la gestion d’un Star Trek Stern, en partenariat avec l’ARAME qui l’a acheté (une association agissant pour le soutien du service d’onco-hémato).

Nous avons ensuite acheté un Jurassic Park Pro qui a été placé à la maison des familles de Strasbourg en décembre dernier.

Et tout récemment, un Avengers Pro est arrivé à l’hôpital de l’Elsau.

Comment les flippers sont-ils choisis ?

Il faut des flippers qui correspondent à l’audience. Ainsi, pour le flipper en libre accès au CHU, le Star Wars était parfait, car acceptable par tous les âges. Nous avons volontairement évité le « Deadpool » ou le « Gardiens de la Galaxie » qui ont soit des insultes ou des images qui peuvent choquer les plus petits ou les anglophones. L’Avengers était aussi parfait au niveau du thème. Nous sommes toujours dans l’attente des modèles Stern pour savoir si cela peut coller avec les besoins.

D’ailleurs, n’y a-t-il que des flippers ?

Nous avons récemment installé, en partenariat avec Alsace Babyfoot, un magnifique babyfoot Sulpie à l’hôpital de Colmar. Ils n’avaient pas la place pour un flipper ! Notre motivation étant d’améliorer les conditions d’accueil, nous ne sommes pas sectaires dans la manière de le faire.

Quel accueil les enfant réservent-ils aux machines ?

C’est très dépendant de l’âge des enfants. Les plus petits sont attirés par les sons et la lumière et approchent rapidement. Les plus âgés supposent que les machines sont payantes et sont plus hésitants. Une fois qu’ils découvrent qu’ils peuvent jouer sans souci, les parties s’enchaînent, ils vont chercher leurs parents et la magie opère.

On nous dit souvent que le nom de l’association est évocateur, mais c’est vraiment cela qui apparait. La lumière dans les yeux des enfants qui suivent la bille, devant cette machine si magique. Ce côté physique, vivant, si différent des interactions lissées d’un écran, c’est ce qui crée l’attrait.

L’autre magie, c’est lorsqu’on doit soulever le plateau pour une panne ou un entretien. Là aussi, c’est souvent un moment unique, et ce quel que soit l’âge !

Une anecdote ?

Lorsque nous sommes arrivés à l’hôpital de l’Elsau, un centre dédié à la pédo-psychiatrie, nous avons été accueillis par plusieurs adolescents. Nous apportions un Avenger Pro et l’un des garçons a cité avec des yeux grands ouverts, tous les super-héros qu’il voyait sur la caisse. Aucun ne savait ce qu’était cette drôle de boite. Le flipper n’appartenait pas à leur univers.

Une fois la machine branchée, tous les adolescents se sont regroupés pour que nous expliquions le fonctionnement de base. Et là, ils ont découvert qu’ils joueraient les Avengers, rassemblés contre Thanos. Et je peux vous assurer qu’ils étaient RAVIS ! Depuis, les parties s’enchaînent comme nous l’a confirmé le cadre de santé.

Quelles contraintes les flippers génèrent-ils pour le personnel de santé ?

La seule contrainte, c’est le bruit. Il s’agit justement du premier point que nous ajustons lors du placement d’une machine. Et c’est aussi pour cela que nous plaçons toujours un flipper pour tester un emplacement, avant de décider d’investir sur une longue durée. Après 1-3 mois, nous décidons finalement si cela convient. Jusqu’à présent, tous les emplacements testés ont été validés !

Pour le reste, la seule action que le personnel a à faire, c’est d’allumer le matin et d’éteindre le soir. Les retours de panne proviennent soit du personnel, soit des utilisateurs, par notre site web.

Justement, qui s’occupe de l’entretien des pinballs ? Et combien de temps restent-ils sur place ?

Pour l’instant, je me suis occupé de la maintenance des machines sur site. Et j’ai deux passionnés qui m’aident pour cela aussi. Une fois placées, les machines restent sur place. Si certaines machines deviennent compliquées à maintenir, elles seront vraisemblablement vendues pour être remplacées.

Avec du recul, vois-tu des choses qu’il faudrait améliorer ?

Pour l’instant, cela fonctionne très bien. Nous avons plus d’opportunités que de temps pour les prendre en charge. Nous pourrions faire mieux bien sûr, notamment dans la recherche de subventions et d’appel à projets car c’est très chronophage. Nous avons une bénévole qui y consacre pas mal de temps libre !

Nous aimerions aussi pouvoir étendre notre action sur toute la France, par le biais des partenariats avec d’autres associations et de passionnés. Pour cela, nous avons mis en place récemment une catégorie Projet potentiels. Les centres intéressés mais aussi les passionnés qui aimeraient développer une initiative similaire peuvent s’inscrire.

D’où viennent vos dons ?

Nos dons proviennent à 80% de particuliers. Pour le reste, il s’agit soit d’initiatives de municipalités (collecte des marchés de noël) soit d’entreprises.

Nous avons aussi la chance d’être l’une des structures proposées par Joerg Amann, l’un des créateurs de PIN2DMD. Lorsque vous commandez un PIN2DMD avec licence à une entreprise, la licence facturée nous est intégralement reversée. Cela représente un montant non négligeable.

Comment peut-on faire un don ?

Toutes les possibilités (CB, paypal, chèque, tipee) sont listées sur notre site web.

Nous sommes habilités à fournir des reçus fiscaux aux particuliers mais aussi des CERFA 11580_03 pour les entreprises, permettant une déduction sur l’imposition des bénéfices.

Pour les particuliers, le plus simple est de passer par notre formulaire helloasso, qui fournit directement le reçu fiscal.

Vous pouvez aussi acheter un tee-shirt sur notre boutique !

Le mot de la fin ?

Primo, j’aimerais remercier ma chérie. Sans elle, pas de flippers, pas d’association. Et un grand merci aux membres de l’association. C’est un vrai travail d’équipe et chacun apporte beaucoup.

Secundo, un grand bravo à ceux qui vont vivre ce hobby. Que ce soit les flipjukiens, les pinsideurs, les exploitants, loueurs de flips, RB Flip, soiréeflip.. Tous ces gens qui partagent leurs passions. Une mention spéciale à Hervé de Extraball qui nous fournit les flippers, ce type représente vraiment tout ce que ce hobby a de fantastique. Et un bravo particulier à vous PinballMag qui remplissez un créneau vacant chez les francophones, avec professionnalisme et simplicité.

Et le mot de la fin, c’est que notre action, c’est peu de chose. C’est mettre un flip dans la voiture et apporter de la joie à des enfants pour toutes les journées qu’ils passeront dans un milieu médical pas toujours très amusant, malgré la bienveillance des équipe médicales toujours géniales que nous côtoyons.

Donc n’hésitez pas, appelez les hôpitaux ou les centres d’accueil de malades près de chez vous, et aussi les EPHADs qui bénéficieraient d’une telle action. Que ce soit pour quelques heures, une journée, une semaine, vous pouvez apporter de la joie facilement. Le flipper est un hobby qui se partage, et je peux vous assurer que vous prendrez plus de plaisir à jouer une partie avec un enfant ou un ainé, en appréciant la joie que cela procure, que seul dans vos gamerooms 😊