Dr Who | Bally

Certains flippers issus de l’époque bénie des années 90 brillent parfois plus par la singularité de leur toys que par la profondeur de leur gameplay. Il faut bien l’avouer, le Dr Who se retrouve assez souvent, malgré lui, dans cette catégorie.

Sorti en 1992 sous la marque Bally Midway, ce flipper s’offre l’une des licences les plus emblématiques de la BBC (considérée encore aujourd’hui comme la plus longue série de Science-Fiction de tous les temps), disposant d’un univers suffisamment riche et original pour proposer une machine à la fois atypique et exigeante dans son gameplay.

Atypique par la verticalité de son gameplay : nombreux sont ceux qui se souviennent de ce flipper grâce au mini playfield qui monte et descend à la manière d’un ascenseur. Mais également exigeante puisque chaque pinhead ayant déjà posé les mains sur cette machine, a forcément voué une haine sans limite à ces outlanes. Mêmes réglées au minimum, elles vous angoissent dès que la bille touche le moindre centimètre d’élastique de slingshot…

Docteur qui ?

Evidemment, la licence culte d’outre-manche ne doit son succès (relatif) chez nous que depuis le renouveau de la série en 2005 et rares étaient les fans de la série à l’époque. Cela n’a sans doute pas aidé à populariser ce titre ni à comprendre toutes les références et mécaniques de jeu associées. Le flipper traite en effet des 7 premiers docteurs de la série, couvrant une période allant de 1963 à 1989.

On retrouve donc tout ce qui a fait le succès de Dr Who à l’époque sur le plateau :

  • Le fameux Tardis (le vaisseau du docteur, camouflé en cabine téléphonique de Police bleue des années 60) qui sert de décor à un eject hole ;
  • Les 7 docteurs disséminés sur les artworks du plateau au travers de scènes emblématiques ;
  • La Whomobile qui sert de switch cover à 2 reprises
  • Le Maître (The Master pour les intimes), grand méchant de la série, qui prend place au centre du plateau
  • Les Daleks qui l’entourent et se prolongent dans les slingshot covers
Le Tardis, l’emblème de la série Dr Who

Et au fond du plateau, un gadget propre au flipper nommé « Time Expender » dans lequel se retrouvent une cible et deux kickout holes. Nous y reviendrons plus tard.

Le translite, quant à lui, reprend sensiblement les mêmes symboles visuels tout en ajoutant Davros, le Dalek suprême (comprendre par là qu’il est plus moche et plus vicelard que les autres) ainsi que le logo emblématique de la série.

La caisse reste sobre et classe, reprenant le logo de la série flottant au milieu de l’espace pour les côtés et le tardis pour le devant et la backbox. Notez que l’abondance de couleur rouge sur les décals en fait l’un des flippers les plus sunfade aujourd’hui, ce pigment résistant assez mal aux agressions du soleil.

Dernier élément visuel et non des moindres : Le topper qui, à la manière d’un Fish Tales ou d’un White Water, se compose d’une cloche de plastique transparente recouvrant la figurine d’un Dalek. Celui-ci se retrouve animé par un jeu de lumières durant certaines phases de jeux.

« Exterminate the Doctooooor !! »

Bill Pfutzenreuter, l’un des concepteurs du jeu, expliquera quelques années plus tard, qu’à l’origine, cette figurine était animée par un moteur interne et que la tête bougeait en même temps que les lumières. Cette fonctionnalité a été supprimée pour des raisons de coût avant le passage en production, après plusieurs dizaines de prototypes .

Cependant, les figurines ayant toutes été créées selon le modèle initial, on peut assez facilement vérifier cette information en démontant le topper. Les trous pour le câblage sont toujours présents, l’emplacement du moteur également et les têtes de Daleks ont toutes été collées grossièrement.

NB : Des kits de motorisation originaux NOS ont été vendus il y a quelques années, sortis des stocks Bally de l’époque. Mais même si ces derniers se font rares et plutôt onéreux, on trouve des kits de motorisation sur Internet qui offrent sensiblement le même rendu, si vous voulez retrouver votre flipper dans sa configuration initiale.

Viens, voir, viens voir le docteur, non, n’aie pas peur…

Côté gameplay on se retrouve avec une machine hybride entre un fan layout avec son plateau épuré et son fameux objectif central et quelques éléments déstructurés comme cette rampe de droite/haut.

Elle n’est accessible que via le troisième flipper haut/gauche, lequel se retrouve jouable quasi exclusivement lorsque la bille a déjà entamé un cycle à travers l’autre rampe de droite/ bas, le tout avec un tir précis du bout du doigt de flipper droit… Autant vous dire qu’il vous faudra un peu de pratique avant de maitriser cette technique.

Et pour cause ! Cette routine une fois maitrisée vous permet d’enchainer les loops de rampes, qui font monter le multiplicateur de points jusqu’à x4. Dès lors que celui-ci est à son max, vous enchainez les millions. Et c’est bien là tout le problème de cette machine : maitrisez les multiplicateurs et la routine rampe haut/rampe bas décrite ci-dessus et vous pouvez tenir le high score sans jamais aller chercher autre chose…

Une petite particularité de gameplay qui ne pousse malheureusement pas à aller chercher les autres objectifs, pourtant si nombreux.

Un plateau qui peut sembler vide au premier abord, et pourtant…

Vous avez le choix entre les 7 docteurs dès le début, chacun disposant d’un bonus à l’utilisation (extra ball facilité, vidéo mode simplifié, high score plus élevé etc…). Chacun a une zone qui lui est propre, notée d’un numéro sur le plateau correspondant au docteur choisi avec les inserts qui vous indiquent où aller taper, loger ou bloquer votre bille. Ceci simplifie grandement la lecture de jeu et vous invite à mettre en œuvre votre propre stratégie de jeu. Plutôt novateur pour l’époque.

Ex : Démarrer avec un docteur qui fait monter plus facilement votre multiplicateur, compléter plusieurs éléments de gameplay avant d’aller chercher le jackpot ou bien prendre celui qui simplifie le vidéo mode pour vous permettre de le terminer plus facilement etc…

Alors, bien qu’il soit possible de jouer le score en suivant uniquement la routine mentionné juste avant, d’un point de vue de plaisir de jeu, ça n’a finalement assez peu d’intérêt. Tout fan de la série prendra un malin plaisir à aller locker ses billes au centre pour faire monter le « time expander ». Cette sorte d’ascenseur à 2 étages fera apparaitre une rangée de cibles champignons dans un premier temps. Une fois qu’elles ont toutes été activées suffisamment de fois (les call-out du flip vous indiquent votre progression), l’élévateur vous amène au dernier étage. Dans ce mode bataille, vous allez devoir envoyer vos billes dans 3 portes représentants 3 Daleks, les grands méchants de la série, le big boss étant situé au milieu.

Le Time Expander, ce mini playfield monté sur un ascenseur

Le topper se met alors à hurler « Exterminate the Doctor ! » accompagné d’un jeu de lumière bien agressif. Vos ennemis râlent lorsqu’ils finissent propulsés dans l’espace dès qu’une bille les percutent. Ce qui peut sembler jouissif pour les fans de la série est un véritable supplice auditif pour les autres…

Fun Fact : Cet ascenseur, bien connu des possesseurs de Dr Who pour ses problèmes de fiabilité sur le long terme et sa conception complexe est une création de la talentueuse Zofia Bil. Elle est connue pour un autre toy emblématique du monde des flippers des années 90 : La Myst Ball du Dracula, cet aimant qui traverse le plateau. A noter que Zofia travaille désormais comme consultante au sein d’American Pinball. Qui sait ? Peut-être qu’un jour elle sera à nouveau à l’origine d’un toy improbable…

Dernier point : la présence d’un vidéo mode assez classique mais ô combien vintage dans sa conception (même pour l’époque). A la manière d’un jeu de plateforme 2D, vous contrôlez l’un des 7 docteurs et le faites sauter par-dessus les obstacles qui se présentent pendant qu’un Dalek essaye de vous faire la peau. Une seule pression sur l’un des boutons du flipper et vous faites un saut court, deux pressions simultanées et vous faites un saut long. Simple mais diablement efficace et surtout, suffisamment rapide pour ne pas casser la dynamique de jeu.



Car même si le Doctor Who se veut précis dans son gameplay, il n’en reste pas moins un flipper rapide et très nerveux (les mauvaises langues diront qu’à force de taper les plots centraux et de se balader sur un plateau vide, ça ne peut être QUE rapide !). Il reste cependant un bel hommage à cette série au travers d’éléments bien léchés et fidèles à l’esprit du Doctor.

Un translite alternatif à l’original, signé Red Baron

Who you gonna call ? The doctor !

Pour terminer, parlons ambiance sonore ! Côté hardware, on est en 1992, ce qui signifie donc qu’on est dans l’ère pré DCS Sound System de Bally/Williams. On retrouve ce son un peu nasillard propre aux flippers de cette génération.

Au-delà de ça, la musique reprend le thème original de la série, les call-out restent fidèles à l’univers et les bruitages retranscrivent bien l’ambiance spatiale/science-fiction de la série.

L’un des éléments décriés par de nombreux joueurs par contre, est le son produit par les Daleks, et notamment leur voix robotique. Là où les aficionados de la série retrouveront ce qui fait le « charme » de ces sales bêtes, les autres vont très rapidement trouver ces voix parfaitement insupportables, pouvant même gâcher sérieusement l’expérience de jeu, classant ainsi de flipper au rang des « loupés » de Bally/Williams.

Les artworks et leurs inserts numérotés

Bah oui, combinez un gameplay particulier avec une ambiance qui l’est tout autant, sur un thème méconnu à l’époque avec un son bien stressant et vous obtenez un cocktail magique qui range ce flipper aux oubliettes, très loin des grands classiques que l’on connait tous.

Alors bon au mauvais flipper ? Là encore, difficile d’être objectif tant l’attachement à ces machines relève de la pure expérience personnelle mais si je devais donner un avis, je dirais qu’il s’agit d’un ovni dans le paysage pinballesque et qu’il fait partie de ces fameux flippers sous-estimés qui trouvent très bien leur place au sein d’une collection existante histoire de varier les plaisirs.

De mon côté, mon Dr Who, je l’aime autant que je le déteste !

Foutues outlanes…

Fiche technique

GENERAL :

Fabricant : Bally (Midway Manufacturing Company)
Date de production : Septembre 1992
Thème : Science-Fiction / Licence TV
Type : Solid State / Standard Body
MPU : Williams WPC (Fliptronics 2)
Abréviation : DW
Unités produites : 7, 752

Le flyer d’époque côté pile…

TOYS / PARTICULARITES :

Le Time Expander : Mini Playfield monté sur un ascenseur à deux étages qui apporte de la verticalité au gameplay.

Le Topper Interactif : Lié aux phases de jeux (sons + lumières), motorisé dans sa version pré-production.

FONCTIONNALITES NOTABLES :

  • Flippers (3)
  • Pop bumpers (3)
  • Slingshots (2)
  • Standup targets (13)
  • Flyaway targets (3)
  • Kick-out holes (2)
  • 6-bank drop target (1)
  • Rampes (2)
  • Multiball (3 billes)

ÉQUIPE TECHNIQUE ET ARTISTIQUE :

Game Design : Barry Oursler, Bill Pfutzenreuter
Mécanique : Zofia Bil
Software : Bill Pfutzenreuter
Artwork : Linda Deal (aka Doane)
Son : Jon Hey
Musique : Jon Hey
Dots/Animation : Scott Slomiany

… Et côté face
Syl Vain
Syl Vain
Fan de pop culture des années 80/90, collectionneur compulsif et partisan du "c'était mieux avant !"

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