Acheter un flipper d’occasion : guide et conseils

 Avant toute chose, cet article s’adresse aux personnes ayant déjà une idée du flipper ou des flippers qui les intéressent. Sinon nous avons un article pour vous aider à choisir votre premier flipper.

Ici, nous allons vous accompagner pour passer à l’achat, et éviter les embûches en chemin. Commençons par la machine en elle-même et son passé.

D’où vient ce flipper ?

Juger l’état d’une machine dépend du contexte dans lequel elle a été utilisée. On distingue généralement deux types d’usage.

Le Home Use Only (HUO)

Vous croiserez régulièrement ce terme au détour des annonces. Il signifie que l’usage ne fut que domestique. Concrètement, la machine était dans une gameroom, un garage ou un salon, et seuls le foyer et son entourage y ont joué. C’est très fréquent, voir la norme, pour les machines fabriquées après l’an 2000.

Il s’agit généralement d’une bonne nouvelle sur l’état de la machine, car il est rare qu’un flipper domestique ait été rincé par son propriétaire. En revanche, celui-ci le saura parfaitement et ajustera son prix de vente en fonction.

Le flipper d’exploitation

A l’inverse, un flipper d’exploitation a séjourné dans un lieu public. S’il s’agit d’une machine des années 90, il est possible qu’il ait eu deux vies : dans un bar/PMU puis chez un particulier. Le temps aura fait son œuvre, la caisse sera probablement marquée, la mécanique et l’électronique auront probablement souffert. Il est même possible que la machine porte encore les stigmates des réparations sommaires réalisées il y a bien longtemps. On réparait beaucoup de pannes avec un trombone et du scotch à l’époque…

L’état du pinball sera certainement meilleur si l’exploitation est plus récente. Déjà parce qu’on ne fume plus dans les lieux publics, et nos machines s’en portent donc mieux, mais aussi parce que malheureusement moins de personnes y jouent. Et bien évidemment, le jeu est moins âgé.

Vous l’avez compris, vous ne pouvez pas attendre la même qualité pour un flipper d’exploitation des années 90 que pour un Stern HUO d’il y a 5 ans. Et ni vous ni le vendeur ne doivent essayer d’aligner le prix de l’un sur celui de l’autre. Sauf en cas de rénovation exceptionnelle, bien sûr !

Des flippers révisés ou rénovés, quelle est la différence ?

Ce qui nous amène à un terminologie souvent employée par les professionnels et qui peut prêter à confusion. Un flipper révisé a été contrôlé et est considéré comme pleinement fonctionnel. Tous les éléments interactifs ou lumineux sont opérationnels. En revanche, l’esthétique peut clairement laisser à désirer :

• Plateau sale
• Caisse abîmée
• Décals usés, délavés par le soleil ou griffés

C’est comme le contrôle technique et la révision pour une voiture : il peut s’agir d’une vieille croûte, la seule chose qu’on juge c’est son fonctionnement.

En revanche, un flipper rénové a bénéficié d’attentions pour retrouver une seconde jeunesse. La liste est longue, mais voici quelques exemples de restauration de flipper :

• les ampoules à incandescence ont été remplacées par des leds
• les élastiques ont été renouvelés
• les stickers de caisse ont été remplacés
• l’écran Dot Matrix est passé en couleurs
• Le système de son a été amélioré
• Certains composants mécaniques ou électroniques ont été remplacés

Un flipper rénové convenablement peut être qualifié de « restauré », à la manière d’une toile de maître sur laquelle des conservateurs auraient travaillé. Révisé versus rénové, faites bien la différence, sans quoi vous serez peut-être déçu(e) une fois devant la machine.

Acheter à un professionnel

Si vous pensez acheter votre flipper d’occasion chez un professionnel, c’est que vous êtes sensible à la « sécurité » que celui-ci vous apporte. Mais il ne suffit pas d’avoir un Kbis pour être un bon professionnel. Pour vous assurer de sa qualité, deux méthodes se complètent.

Tout d’abord, échangez avec le professionnel et posez-lui des questions sur l’état de la machine et la révision qu’il a faite. Mais surtout, contrôlez qu’il respecte la réglementation sur les biens d’occasion. Pour mémoire, la garantie est de deux ans, comme pour les biens neufs. Elle couvre les pannes et les dysfonctionnements. Pour en savoir plus, consultez le site du gouvernement.

Un professionnel installé pourra également réparer votre machine, donc assurez-vous qu’il dispose de réparateurs, ou qu’il est lui-même en mesure d’intervenir. Dans le cas contraire, vous pouvez sérieusement douter de la qualité de sa révision.

Deuxièmement, renseignez-vous sur le vendeur auprès d’autres acheteurs ou sur Internet. Gardez néanmoins du recul, les acheteurs ne sont pas toujours de bonne foi. Comme pour n’importe quel achat, appuyez-vous sur le nombre d’avis et sur la récurrence des qualités et défauts cités dans les commentaires.

Acheter à un particulier

Si vous achetez à un particulier, c’est soit que le flipper de vos rêves n’est pas disponible auprès d’un professionnel, soit que le prix est sensiblement moins élevé. Sinon quel intérêt ?

Une garantie de deux ans s’applique également, mais la faire appliquer et prouver que le défaut était présent avant l’achat est plus difficile que face à un pro qui a une réputation à entretenir. Vérifier l’honnêteté d’un particulier n’est pas chose aisée, et ne comptez pas sur lui pour les réparations.

L’achat entre particuliers d’un objet à plusieurs milliers d’euros est réservé à un public averti, qui saura se débrouiller en cas de dysfonctionnement et de non-respect des engagements du vendeur.

Ce qu’il faut vérifier sur un flipper d’occasion

La première chose à faire une fois devant la machine, et avant de payer, est d’en faire le tour.

Faire le tour de la caisse

Examinez tous les côtés du flipper pour constater l’état des décals de caisse et du bois qui la compose. Ce serait rageant de passer à côté d’une grosse fente due à un transport peu précautionneux.

Y jouer

De la même manière qu’on fait un tour de voiture avant de sortir le porte-monnaie, on joue quelques parties sur un flipper que l’on veut acquérir. Le but n’est pas de scorer mais d’envoyer la bille un peu partout pour s’assurer du bon fonctionnement de toutes les pièces du plateau.

Vérifier l’écran

En même temps que vous jouez, jetez un œil à l’écran pour vous assurer qu’il n’a pas de défaut. Sur un écran Dot Matrix, vérifiez que tous les pixels s’allument. Sur un écran LCD, assurez-vous qu’il n’est pas fendu.

Examiner le plateau et les inserts

Avant ou après avoir joué, scrutez le plateau au plus près, n’hésitez pas à demander à enlever la vitre si vous doutez du bon fonctionnement d’un composant. Examinez la lumière éclairant les inserts, et auscultez le niveau d’usure du plateau, qu’il s’agisse de dimpling (petit effet de martelage inévitable) ou de bois usé autour des scoops (les trous qu’il faut parfois viser) notamment.

Aller dans le menu et lancer le diagnostic

Les flippers électroniques disposent généralement d’un menu diagnostic. Celui-ci peut vous informer automatiquement d’un problème, et vous permettre de tester chaque élément interactif un par un. Renseignez-vous sur les fonctionnalités de test de la machine que vous convoitez.

Regarder sous le capot

Une fois l’extérieur examiné, il est temps de soulever le plateau. Laissez l’actuel propriétaire le faire, cela évitera des contestations de type « c’est vous qui venez de le casser ! ». Si vous avez des notions d’électricité, vous repérerez facilement les réparations sommaires.

Faites ouvrir également la backglass, derrière laquelle vous trouverez les composants électroniques. Faites la chasse aux soudures approximatives et aux câbles noircis.

Comme tout ceci peut prendre du temps, prévenez le vendeur du temps dont vous aurez besoin et que son assistance sera requise.

Les pièges à éviter quand on achète un flipper d’occasion

Voici quelques règles auxquelles vous devez absolument vous tenir :

Ne pas envoyer d’acompte

JAMAIS ! Demander un acompte pour un flipper d’occasion est le propre des arnaques sur Le Bon Coin ou Facebook Market notamment. Et les flippers se prêtent parfaitement aux entourloupes : on parle d’une machine électrique ou électronique valant plusieurs milliers d’euros dont la vente n’est pas particulièrement bien encadrée (pas comme celle d’une voiture en tous cas).

Ne versez d’argent qu’après avoir vu la machine et avoir rencontré le vendeur. Et si jamais le vendeur se charge du transport jusqu’à chez vous, ne versez la totalité de la somme qu’après livraison.

Ne pas céder à la pression, ni acheter sans avoir vu

Le marché du flipper est tendu. Une machine bien entretenue trouvera acquéreur parfois avant même que l’annonce ne paraisse. Les vendeurs le savent et peuvent à la fois faire monter les enchères entre les intéressés, mais aussi mettre la pression pour accélérer la vente. C’est la loi du marché, vous n’y pourrez rien.

Mais ce n’est pas une raison pour se faire imposer des conditions à la limite du malhonnête. Ne transigez pas sur le fait d’avoir vu et testé la machine, n’acceptez pas de conditions de règlements qui vous mettent dans une situation risquée. Mieux vaut refuser l’achat d’un flipper que perdre de l’argent.

Réceptionner le flipper dans un lieu adapté

Qu’est-ce qu’un lieu adapté pour examiner un flipper ?

• Un lieu où il y a des prises électriques pour allumer la machine, déjà.
• Mais aussi un lieu éclairé. Méfiez-vous d’un espace plongé dans la pénombre qui, à dessein ou non, peut masquer les défauts.
• Et enfin, un lieu où vous aurez tout le temps d’effectuer vos vérifications.

Demander les clés de votre flipper

Le truc ballot ! La vente s’est bien passée mais vous avez oublié de demander les clés ! Et vous voilà obligé de courir après un vendeur qui n’est plus pressé du tout. Il y a deux clés à récupérer : celle du monnayeur, et celle de la backglass. Pensez-y !

Faut-il négocier le prix de son flipper, et comment ?

Comme disent les professionnels, le bon prix est celui sur lequel l’acheteur et le vendeur se sont mis d’accord. Personne n’a le couteau sous la gorge pour effectuer la transaction, donc ne prêtez pas attention aux esprits chagrins qui pleurent l’argent qu’ils ont déboursés. Ils ont accepté les termes du contrat, et d’ailleurs les râleurs sont rarement des néophytes dont on a abusé.

Mais faut-il négocier ? Oui, si vous avez des arguments solides pour démontrer que l’objet est surévalué. En revanche, si le vendeur n’entend pas raison, laissez-le faire son deuil du prix qu’il a envisagé, suivez l’évolution de son annonce et manifestez-vous à nouveau quand les positions auront convergé. Et si quelqu’un vous passe devant, c’est le jeu, pas besoin d’être aigri ou agressif.

Echange de flippers et soulte

Réservé aux heureux possesseurs de flipper, l’échange est un moyen de renouveler sa gameroom en évitant les frais d’un professionnel. Les précautions sur l’état de la machine citées plus haut restent néanmoins valables.

Lorsque les machines ne sont pas valorisées au même montant, il convient de compenser avec une somme d’argent, qu’on appelle la soulte. Il s’agit de l’écart de valeur entre les deux flippers. L’estimation de la soulte fait forcément l’objet d’une négociation reprenant des critères déjà évoqués :

• L’état de la machine
• Sa cote, avec tout ce que cela implique de subjectivité

Comme pour un achat classique, négociation ne doit pas rimer avec salade de gnons : la seule façon d’abandonner une négociation mal embarquée, c’est de décliner poliment.

Fermeté, politesse et rigueur

On a fait le tour de ce que vous deviez savoir pour vous lancer dans l’achat d’un flipper d’occasion. Maintenant résumons le tout en 3 mots :

• Fermeté sur les conditions de la transaction (pas d’acompte, voir le pinball avant d’acheter, lieu de transaction éclairé et électrifié)
• Rigueur dans la vérification du flipper
• Politesse dans les échanges, quelle qu’en soit l’issue

Avec tout ça, vous éviterez les fâcheux et achèterez sereinement.