Flipper, flippeur, billard électrique, pinball, machine à boules… Autant de noms pour ces machines dont le but est d’amuser des joueurs et remplir les poches des exploitants dans les lieux publics.
Si la forme du flipper, ce jeu de loisir, n’a quasiment pas bougé depuis 30 ans, ce ne fut pas toujours le cas. Il aura fallu plusieurs siècles pour que le pinball, comme on dit aux Etats-Unis, trouve sa forme actuelle. Et ne croyez pas qu’il va en rester là !
Sommaire
La définition du flipper
Comment pourrait-on définir un flipper en ce début de 21ème siècle ? Permettez-moi pour l’occasion de ne pas adhérer à la définition de Wikipedia, qui me semble un peu datée.
Il s’agit d’un objet, on pourrait dire d’un meuble au regard de ses dimensions, à vocation récréative, composé de parties mécaniques, électriques voire électroniques. Le principe est de guider des billes de métal sur un plateau au moyen d’un lance-bille et de batteurs (aussi appelés raquettes).
La structure du plateau est faite de bois, sur lequel sont posés des rampes, des glissières et des accessoires avec lequel le joueur devra interagir en propulsant la bille sur ou à travers eux. Le but du jeu est double et dépendra à la fois de l’ancienneté de la machine et du contexte d’utilisation :
- Faire le plus de points possibles pour inscrire son nom (ou ses initiales) au tableau des meilleurs scores, et obtenir des parties gratuites supplémentaires
- Remplir des missions, des défis pour avancer dans un scénario propre à chaque flippeur et cohérent avec le thème de la machine
Les consignes de jeu sont indiquées sur un écran placé dans le fronton pour les pinballs à partir de la deuxième moitié des années 1980. Des jeux de lumière sur le plateau orientent le joueur pendant l’action.
Les origines du flipper
Le flipper a des origines françaises, car il s’inspire du jeu de bagatelle, un dérivé du billard. Cette planche hérissée de quilles fixes en bois a été présentée en 1777 à Louis XVI lors d’une soirée en son honneur au château de… Bagatelle ! D’où le nom du jeu.
Des soldats français ayant pris part à la guerre d’Indépendance ont fait connaître le jeu à leur frères d’armes américains. De là la pratique s’est étendue à tous les Etats-Unis. Les épingles, ou pins en anglais, on remplacé les quilles et sont à la racine du mot « pinball », la traduction anglaise de flipper.


Dans les années 1930, les premiers monnayeurs sont ajoutés et la machine s’électrifie. En 1947, les batteurs apparaissent, faisant passer le pinball d’un jeu principalement de hasard à un jeu d’adresse. Fin des années 70, les flippers se dotent de composants informatiques et d’écrans numériques. A partir de ce point, le flipper ressemble à ce que vous croiserez encore aujourd’hui.
Voilà pour le bref résumé de l’histoire du flipper.
Les différentes parties ou composants d’un flipper
La caisse
La caisse représente le corps du flipper, dans lequel on retrouve :
- le plateau
- toute la partie électromécanique associée
- la vitre qui protège le plateau des agressions extérieures et à l’inverse des joueurs et spectateurs des jets de bille intempestifs
- le monnayeur
- l’enceinte de basse et la carte son si le jeu en possède


La caisse est illustrée par des images relatives au thème du flipper, le plus souvent par le biais de « decals de caisse », de grands autocollants.
Sur la face avant on retrouve le plus souvent les fentes du monnayeur, le bouton « start » pour lancer une partie et le tire-bille.
Les deux boutons pour actionner les batteurs sont de chaque côté. Quelques modèles possèdent plusieurs boutons mais la pratique est rare.
Le fronton
Le fronton surplombe la caisse, c’est la partie qu’on remarque en premier lorsqu’on s’approche d’un flipper. Le visuel qu’il arbore représente donc un enjeu important quand la machine doit attirer le joueur, qu’elle est compétition avec d’autres jeux comme dans une salle d’arcade par exemple. L’image est le plus souvent imprimée sur une vitre (backglass) ou sur une feuille protégée par une vitre (translite).


Le fronton inclut l’écran et les hauts-parleurs (speakers panels). A l’intérieur, on retrouve la partie électronique, dont la taille a diminué avec le temps. Désormais, quand on ouvre un fronton d’un flipper récent, il semble souvent très vide alors qu’il était rempli de composants informatiques jusque dans les années 1990.
Le lance-bille
Lance-bille, tire-bille, shooter rod… Il s’agit d’une tige munie d’un ressort qui propulse la bille par une rigole, généralement jusqu’en haut du plateau. Le tir peut être dosé par le joueur, mécanique de jeu parfois nécessaire pour réaliser un skill shot, une mini-mission de début de partie.
Le shooter est parfois remplacé par un simple bouton, auquel cas oubliez le dosage du lancer initial.


Les pieds
Un billard électrique comporte 4 pieds, fixés sur la caisse. Le plus souvent en métal et de forme commune à tous les modèles, on en trouve parfois des colorés sur les modèles haut-de-gamme.
Le plateau du flipper et ses éléments principaux
Un plateau (playfield) en souvent riche en détails, à la fois sur le visuel posé sur la planche de bois, mais aussi par le nombre d’accessoires interactifs qu’il contient.


Les batteurs
Si aujourd’hui les batteurs sont indissociables de l’image du flipper, il n’en a pas toujours été ainsi. Avant les années 40, la seule interaction avec la bille dont le joueur disposait était le lance-bille. Le jeu était alors très aléatoire, à tel point qu’il avait été considéré comme un jeu de hasard et donc interdit dans certains Etats américains.
Les batteurs sont le plus souvent au nombre de deux, en bas de plateau. Néanmoins de nombreuses versions de flippers en comportent un troisième, et parfois plus, disposés sur la moitié supérieure du playfield. Suivant les tables, toutes les raquettes ont la même taille ou, à l’inverse, varient dans leurs dimensions en fonction de leur position sur le plateau.


Les rampes
Elles surplombent le plateau et le font traverser à la bille, généralement pour la faire arriver proche des batteurs. Les rampes sont apparues à la fin des années 70, auparavant les billes ne quittaient pas le plateau pour des contraintes techniques. Leur présence, leur nombre et leurs formes en font des éléments distinctifs de chaque modèle.
Le plus souvent, les rampes sont faites de métal (bien !) ou de plastique (moins bien, moins élégant mais parfois le thème s’y prête).
Les boucles
Les boucles, ou loops, sont des trajectoires formées par des glissières à même le plateau. A plat, donc, mais pas inintéressantes pour autant. Elles peuvent surprendre, offrir des accélérations inattendues à la bille. Elles forment la quintessence du flipper, puisqu’elles furent parmi les éléments constitutifs des premiers plateaux, avant l’apparition des rampes.
Les cibles
Les cibles réagissent quand la bille les heurte. Il en existe deux variantes principalement : des cibles fixes classiques et des cibles tombantes qui offrent plus de possibilités, comme bloquer la bille à l’arrière de la cible quand elle s’escamote puis remonte avant que la gravité ne fasse redescendre la bille.


Les slingshots
Généralement positionnés au-dessus des batteurs principaux, ces triangles entourés d’un élastique renvoient la bille de manière assez énervée, générant des variations brutales de rythme et des trajectoires chaotiques.


Les bumpers
Un bumper est un élément mécanique en forme de champignon, qui renvoie la bille quand elle le touche. Souvent, les designers de flipper les placent par 3, en triangle, pour que la balle rebondisse frénétiquement entre eux. Néanmoins, il existe une multitude de variantes sur leur positionnement et leur nombre.


Les spinners
Une petite plaque, tenue en son milieu par une tige de métal, tourne sur elle-même quand la bille passe dessous. Atteindre un certain nombre de tours permet de déclencher une mission ou de la réussir.


Les toys
Il s’agit d’un terme générique pour définir un élément du plateau spécifique au flipper, original, qu’on ne retrouvera pas sur un autre. En effet, sa forme et son esthétique reproduisent un objet faisant référence au thème du pinball. On pense au château du flipper Medieval Madness, à l’immeuble qui s’effondre du Godzilla…


On peut classer les toys selon leurs fonctions durant le jeu :
- Le toy à basher : un élément à percuter
- Le verrouillage de bille : un conteneur pour stocker les billes en vue d’un multibille
- Le déplacement de bille : un bras ou un aimant saisit la bille et la pose ailleurs
- La transmission d’information par le biais d’un écran, d’un compteur, d’un signal lumineux
Cette classification n’a pas l’ambition d’être exhaustive.
Il existe également d’autres éléments interactifs moins fréquents, comme les billes captives ou les magna saves, mais il serait impossible de tous les citer.
Flipper en exploitation
De son invention au début du 20ème siècle jusqu’à la fin des années 1990, on joue le plus souvent au flipper dans des lieux publics : bars, salles de jeux, bowling… Les jeux sont payants, et les revenus partagés entre le propriétaire du lieu et l’exploitant de la machine. Un exploitant possède la machine, l’installe, l’entretient et la change ou la fait tourner entre plusieurs lieux.
Pour payer, le joueur insère une pièce dans le monnayeur de l’appareil. Le monnayeur est présent depuis tellement longtemps sur les machines que même dans le cadre d’un usage strictement privé, il reste présent. Au dos de sa porte, il accueille désormais les boutons de paramétrage de la machine (volume du son, diagnostic technique, statistiques, prix de la partie…).
Au début des années 2020, les premiers terminaux de paiement sans contact ont fait leur apparition. A voir si cette nouvelle fonctionnalité remplacera totalement les monnayeurs traditionnels.
Flipper à domicile
Depuis les années 2000 et l’effondrement des jeux d’arcade au profit des consoles de salon, les flippers trouvent une deuxième vie chez les particuliers, même si les machines « d’exploitation » n’ont pas complètement disparu.
Les exploitants qui ont survécu deviennent alors des distributeurs et vendent des flippers neufs aux particuliers. Ils rachètent, révisent et rénovent des flippers plus anciens, en occasion.
Depuis les années 2010, le marché destiné aux domiciles connaît un essor remarquable, amenant à une hausse importante des prix des jeux.
L’évolution du flipper
Même si sa forme générale n’a pas réellement évolué depuis plusieurs décennies, les fonctionnalités d’un flipper ont suivi l’évolution du numérique, avec un décalage de plusieurs années néanmoins. Les composants informatiques se sont modernisés, ouvrant la voie à de nouvelles fonctionnalités.
Des rouleaux aux écrans LCD
Les premiers flippers affichaient les scores avec des rouleaux mécaniques. Ensuite, des écrans numériques et alphanumériques ont fait leur apparition. A partir des années 1990, les Dot Matrix Display (les écrans à gros points oranges) ont pris le relais.
Depuis les années 2010, les pinballs ont adopté massivement les écrans digitaux, qui permettent d’afficher des vidéos ou des animations 3D. Un gros plus, quand il s’agit d’une licence musicale ou cinématographique.






La connectivité
A partir des années 2020, les flippers ont commencé à se connecter à Internet, afin de partager les scores, de faciliter les compétitions et la mise à jour du code (les règles)… Et il faut s’attendre à du contenu additionnel : nouvelles missions, nouveaux scénarios, nouvelles animations…
Le leader du marché Stern Pinball a généralisé ces fonctions en ligne à toutes ses productions, au travers de son module Stern Insider Connected.


Le futur du flipper
A quoi ressembleront les flippeurs dans 20 ou 30 ans ? Le fait qu’une partie du jeu soit liée à un mode en ligne semble acquis. Mais il est aussi crédible que le côté physique de la machine perdure, tant il est source d’émotions et indispensable aux collectionneurs.
Le flipper tel qu’on le connaît ne risque pas de disparaître, en revanche les substituts vont très probablement se multiplier, sous la pression conjuguée d’une forte demande et de prix de plus en plus inabordables :
- Les flippers virtuels (aussi appelés pincabs), remplacent le plateau par un écran, mais ont l’allure d’une machine traditionnelle
- Les jeux en réalité virtuelle vont offrir une expérience hybride, dont les principes ne sont pas encore figés : 2 boutons physiques, le reste du jeu via un casque, un pincab enrichi d’un casque…
Il reste encore beaucoup de flippers à inventer !

