Cocorico ! Votre magazine préféré peut désormais se vanter d’avoir été dans le secret des dieux depuis maintenant plus d’un an quant à la création de toute pièce d’un flipper français (avec une ambition de production en série). Nous sommes encore plus heureux de pouvoir parler librement du Space Hunt et de vous partager notre ressenti après notre premier « vrai » contact avec la bête !
Puisque oui, après un reveal, une preview et 2 podcasts avec les membres d’Hexa Pinball, c’est lors de ce week-end du 10/11 Juin 2023, au salon de flippers de Pontacq, organisé par l’association « Bille en tête » que la machine a été mise, pour la toute première fois, à disposition du public pour un « Location Test ».
Comprenez par-là que la version qui était présentée n’était pas la version finale, mais une version prototype très aboutie. Elle était jouable et il était déjà possible de se faire un avis quant au potentiel du flipper, aux ambitions d’Hexa Pinball et bien évidemment, à la qualité du produit en l’état : game design, son, artworks ou encore conception.
Ce test est donc réalisé sur une version non finalisée. Il sera amené à évoluer dès lors que la version définitive sera disponible, d’ici fin 2023.
Sommaire
- 1 En France, on fait aussi des flippers !
- 2 Une machine faite avec amour…
- 3 Muscle ton jeu, Robert !
- 4 Elle est à toi, cette chanson, toi le flipper qui sans façon…
- 5 Vous voyez ce flipper Space Hunt derrière ? Et bien, il est parfaitement propre !
- 6 Hexa Outsider Connected et menu pause
- 7 Être compétitif, oui. Se brader, non.
- 8 Alors, ce flipper Space Hunt ? Essai transformé ?
En France, on fait aussi des flippers !
Bah oui, on ne fait pas que des croissants et du pinard ! N’en déplaise à nos amis d’outre-Atlantique, la France a été dans les années 70 à 90 l’un des pays d’Europe les plus fournis en flippers et un grand nombre d’exploitants dotaient le moindre troquet de village d’une ou plusieurs machines. Ce qui laisse une empreinte indélébile dans le paysage de la pop culture. Ces machines jouissent encore aujourd’hui d’un succès certain auprès de toutes les générations.
Que voulez-vous, en France, le flipper on aime ça, et ce n’est pas pour rien que l’on retrouve une communauté active et déterminée à faire bouger les choses. Et quand on parle de faire bouger les choses, les petits gars de chez Hexa Pinball n’y sont pas allés de main morte !
Mais au fait, c’est quoi/qui exactement Hexa Pinball ?
Et bien Hexa est une société basée à Bordeaux, fondée par Alexandre et Christophe autour d’un collectif d’une dizaine de passionnés talentueux et tous spécialisés dans un corps de métier bien précis (développeur, menuisier, électronicien, chaudronnier, designer, graphiste etc.) avec un objectif commun : créer un flipper 100% français.
Notez pour l’anecdote que plusieurs membres sont éparpillés aux quatre coins de l’hexagone, d’où le nom « Hexa ».
Un flipper, pour les rassembler tous, et dans la passion, les lier…
Ce tout premier flipper est construit autour d’un thème original, sans aucune licence. Il est néanmoins basé sur un Homebrew imaginé par celui qui occupe désormais le poste de Game & Art Designer chez Hexa Pinball : Luis.
Luis avait imaginé sa première version autour de la petite bille qui va régler ses comptes avec différents éléments de plateaux, transformés pour l’occasion en super vilains de l’espace. Il a désormais tout le loisir de faire évoluer cet univers avec l’aide d’une équipe complète dont la tâche est de transposer ses idées sur une machine qui aura vocation à être produite en série.
Une machine faite avec amour…
Parlons donc de la machine en elle-même et de son aspect, puisque le premier contact est bien évidemment visuel.
Il faut être honnête, c’est probablement là ou Hexa marque le plus de points : La machine est magnifique et jouit d’une finition exemplaire, dans la droite lignée des productions Spooky Pinball. La marque ne cache d’ailleurs absolument pas son attachement pour la firme de Benton, dont ils admirent les productions et surtout, la philosophie : Des machines solides, avec différentes versions dont les options ne sont que visuelles, sans aucune concession sur le gameplay et le tout, avec des matériaux de qualité.
Et de ce côté-là, ils n’ont rien à leur envier. Le modèle proposé ici se rapprochait de la version « élégance » (la version premium en quelque sorte). Elle nous offrait :
- une vraie backglass sérigraphiée absolument superbe (même s’il est impossible de retranscrire l’effet miroir en photo, malheureusement)
- un armor kit peint dans une couleur bordeaux brillante du plus bel effet
- un speaker panel cover, des speaker covers avec les lettres « S » et « H »
- des side arts
- un kit son de la marque Pinsound avec son shaker
- même des billes gravées au nom de la machine !
La caisse comme le plateau sont en contreplaqué de bouleau (12mm pour le plateau, 18mm pour la caisse). L’intégralité des rampes et des guides est en inox et sont faites sur mesure. Les leds sont toutes en RGB et la mécanique est basée sur des pièces de type Bally/Williams histoire d’offrir une machine à la fois robuste et fiable (avec un toucher de bille « old school »).
Des ventilateurs dédiées, produits par GM Parts, équipent les bobines principales et le plateau est imprimé et verni par Nico de la société Pinmodzshop avec l’aide de Franck Niro (2Niro).
L’électronique est construite autour de cartes équipées de composants traversants grâce au talentueux Romain (électronicien ayant travaillé sur le flipper Mafia de Team Pinball ou encore chez Heighway Pinball) et le système fonctionne sur un mini-ordinateur compact, logé dans le fronton.
Précisons tout de même que ce modèle a fonctionné sans relâche durant l’intégralité du salon (soit deux jours d’utilisation intensive) sans jamais broncher ! Pourtant croyez-moi, on n’a pas toujours été tendre avec lui…
Pour ce qui est de l’artwork global, il est assez surprenant puisque la machine a cette fâcheuse tendance à être plus belle en vrai qu’en photo. La faute notamment au choix des couleurs (une dominance de couleur rose, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué …) et à de nombreux détails qui sont dessinés en dégradé de couleur. Cela est difficile à retranscrire à l’image et nécessite, à l’inverse, de poser son regard avec attention sur le plateau, la backglass ou encore la caisse pour apprécier toute la finesse du dessin. On appréciera les nombreux détails et le joli coup de crayon de Luis. Il paraitrait même qu’il y a des easter eggs cachés 🙂 !
Muscle ton jeu, Robert !
La version proposée lors de ce location test était entièrement jouable, disposait de son wizard mode, de ses multiballs et de plusieurs missions qui vous donnaient déjà du fil à retordre. Mais l’équipe nous l’a confirmé : il n’y avait que 40% du jeu qui était implémenté. 30% complémentaires sont d’ores et déjà terminés mais nécessitent d’être débuggé. L’équipe n’a donc pas pris le risque de l’implémenter pour ce reveal afin d’éviter l’effet déceptif et le bashing qui aurait suivi, on les comprend… (Les derniers 30% restant sont actuellement en cours de développement).
Il est donc compliqué de se faire une idée définitive de la profondeur de jeu à cet état de développement mais pour ce que l’on a pu tester et éprouver :
- Le flow est bon, le jeu est nerveux et rapide
- Les trajectoires sont précises et nécessitent de bien prendre en main la machine afin réussir ses tirs. Les premiers essais sont d’ailleurs souvent trompeurs et la bille aura tendance à venir taper les entrées de rampes ou les plots plusieurs fois avant de se balader là où on le souhaite
- L’intégralité des tirs vers les lanes ou les rampes sont exécutables en tir traditionnel ou en backend (même si pour quelques-unes, nous avons dû demander une démo au game designer tellement certaines trajectoires nous semblaient improbables)
- Le upper playfield est accessible via une rampe dédiée et se joue rapidement avec un mini batteur, autour d’un trou dans lequel est situé un balancier sous la forme d’un plomb de tilt, qu’il vous faudra (ou non) toucher en fonction de la mission à exécuter
- Les missions étaient au nombre de 4 sur cette version (hors wizard mode), toutes variées et bien pensées. Mention spéciale à la mission « Sniper », dans laquelle vous devez envoyer votre bille dans le chargeur de billes pour simuler la recharge de votre fusil. Ensuite il vous faut tirer sur les cibles qui s’allument/s’éteignent sur le plateau en suivant les déplacements d’un réticule à l’écran, à la façon d’un jeu vidéo de tir
- La lisibilité sur le plateau est globalement bonne, que ce soit au niveau du lightshow (qui vous offre généralement plusieurs options de tirs pour lancer ou exécuter une mission) ou des emplacements d’éléments sur le plateau
Un léger bémol cependant sur le fond de plateau de plateau très chargé, notamment au-dessus des bumpers, ce qui force parfois à chercher sa bille du regard car plusieurs éléments, dont un kicker, la font valser sans forcément que l’on puisse la suivre facilement.
Au-delà de ça, le plus gros manque actuel réside bien évidemment dans le reste du code que l’on attend avec impatience. C’est actuellement trop léger pour imaginer rivaliser avec les productions concurrentes.
Mais aucune inquiétude, tout ça va venir s’étoffer au fil du temps et plusieurs mécaniques de jeu nous ont d’ores et déjà été partagées par l’équipe d’Hexa Pinball. Nous nous garderons de les évoquer ici, tant que la version finale n’est pas disponible.
Elle est à toi, cette chanson, toi le flipper qui sans façon…
Lorsque vous appuyez sur le bouton start, vous retrouvez là encore une inspiration certaine dans la bande son créée pour ce Space Hunt : celle du Total Nuclear Anihilation de Spooky Pinball. Une rythmique simple, nerveuse dans un style électro à l’ancienne qui donne envie d’en découdre avec la machine !
Et c’est bien le but : vous mettre directement dans l’ambiance, le temps de déclencher vos missions. Lesquelles se retrouveront toutes dotées d’une bande son en rapport avec leur intensité d’exécution.
Sélectionnez la mission « Fight » et vous aurez la musique typique d’un combat de boss d’un jeu vidéo, sélectionnez « Spy » et vous aurez un rythme nettement plus posé et feutré. Simple, logique, mais efficace.
On soulignera d’ailleurs la qualité des compositions, toutes réalisées par Hervé, Sound Designer, qui ne boudait pas son plaisir de pouvoir créer les musiques qu’il voulait sans aucune contrainte, du fait d’un thème original, sans licence.
Les call-outs sont quant à eux aussi violents et badass que ceux d’un jeu vidéo comme Duke Nukem ou Unreal Tournament !
Seule ombre au tableau : cette version comportait un mixage perfectible. Les voix avaient malheureusement tendance à être bien plus fortes que les musiques, ce qui vient gâcher la bande son. Mais les concepteurs nous ont indiqué être déjà à l’œuvre pour corriger ce défaut.
Vous voyez ce flipper Space Hunt derrière ? Et bien, il est parfaitement propre !
Si la qualité des animations est parfois mise en second plan sur bon nombre de productions, qu’elles soient de grands constructeurs ou de plus modestes, ici encore Hexa a voulu marquer le coup !
Et si l’animation globale des scores est assez classique dans son rendu visuel (une sorte de fond rétro futuriste façon « Tron »), les animations des missions sont quant à elles plutôt léchées. Les interactions sont légion et les animations réagissent dynamiquement avec les différents tirs que vous allez faire sur le plateau.
Ratez une orbite dans la mission « Fight » et le boss esquivera votre coup à l’écran en vous narguant. Réussissez-la et savourez alors la satisfaction de lui coller une mandale en pleine poire !
Les personnages sont bien travaillés et les animations réussissent sans aucun mal à nous faire entrer dans l’univers de Space Hunt. C’est tout ce qu’on attend de ce genre de fonctionnalité finalement !
L’inconvénient d’être un outsider au milieu d’un écosystème déjà bien établi c’est qu’il faut sortir du cadre pour se faire une place au milieu de tout ce beau monde. L’avantage, c’est que ça force à l’innovation !
Et sur cet aspect, Hexa a pu compter sur certains membres de l’équipe qui ne sont pas issus du milieu du flipper à l’origine. Ils ont donc pu apporter un regard neuf (oserais-je dire « candide » ?) sur notre loisir. Et de nous gratifier de quelques innovations plus que sympathiques.
Tout d’abord, le menu pause. Et oui, aussi surprenant que ça puisse paraitre, le Space Hunt est équipé d’une fonction pause (!). Aussi simple dans l’utilisation que dans la conception. Cette dernière consiste tout simplement à appuyer quelques secondes sur le bouton Start. Le menu « pause » va s’afficher à l’écran. Cela fige votre score, les inserts et la mission en cours, la bille terminant alors sa course entre les batteurs.
Lors de la reprise, la bille est redistribuée en jeu automatiquement et le jeu reprend alors là ou vous en étiez.
Simple mais diablement efficace lorsque vous avez un coup de fil de votre patron au moment où vous alliez dépasser votre précédent High Score !
La deuxième nouveauté, c’est la mise à disposition (sur Android et iOS) d’une application dédiée. Elle sera reliée à votre machine (puisque cette dernière dispose d’une connexion web) et vous permettra d’avoir accès au service menu pour tester chaque élément de votre flipper depuis votre smartphone, de régler le son, de modifier la configuration de jeu etc.
Une sacrée bonne idée pourtant tellement logique dans l’ère du « tout connecté ». Lors de notre interview des concepteurs, ces derniers nous ont indiqué vouloir faire évoluer cette application au fil de l’eau pour y apporter notamment une fonction de score en ligne, un tableau meilleurs joueurs et bien d’autres choses encore…
Être compétitif, oui. Se brader, non.
Les prix avaient déjà été communiqués par Nick_O dans sa preview, ces derniers ont fait parler depuis qu’Hexa les a rendus publics il y a désormais deux semaines. Même nos amis nord-américains ont eu leur mot à dire, puisque la conversion euro-dollar ne joue (pour une fois) pas en leur faveur.
De nombreux potentiels acquéreurs francophones ont trouvé le prix un peu élevé pour le premier modèle d’un nouveau fabricant.
Lors de nos tous premiers échanges avec Hexa il y a un an et demi, c’était l’une de nos premières questions. A laquelle nous avions eu comme réponse « nous voulons impérativement être moins cher qu’un modèle Pro Stern en France ».
Pari tenu puisque le modèle classique est proposé à 8900€ contre 9700€ pour un modèle pro Stern à l’heure où j’écris ces lignes. Certes, l’écart n’est peut-être pas si significatif que ça mais tout se justifie et surtout, tout se paye :
- Hexa ne dispose pas des mêmes lignes de production que les gros fabricants
- Ils jouent sur la qualité des matériaux utilisés avec des matériaux nobles, dans la lignée d’un Spooky Pinball ou d’un Dutch Pinball
- Ils doivent financer la R&D et toute la conception des éléments propres à leur modèle (façonnage des rampes en métal, backglass sérigraphiée etc.)
- La production se fait entièrement en France, le coût des matériaux et les salaires pour la production sont de fait, plus chers
Ils ont donc dû faire un choix tarifaire sans faire de concession sur la qualité de la machine, un écueil que l’on a pu retrouver malheureusement trop souvent chez plusieurs nouveaux acteurs qui se lancent.
Alors bonne ou mauvaise idée ? Seul l’avenir nous le dira.
Alors, ce flipper Space Hunt ? Essai transformé ?
Soyons honnête, il est encore trop tôt pour le dire. Si la qualité de la machine et sa conception nous ont clairement bluffés, la jeunesse du code (bien que très prometteur) nous empêche de trancher sur un verdict final car c’est finalement là où Hexa est désormais attendu au tournant : le gameplay final.
Ce premier baptême est à notre sens réussi. Il a su rassurer tous les joueurs présents ce week-end sur le sérieux d’Hexa et leurs ambitions de livrer un produit de qualité équivalente aux productions américaines. Il reste à rassurer les joueurs sur la profondeur d’un jeu qui saura contenter les joueurs les plus exigeants sans frustrer les plus occasionnels.
Et vous savez quoi ? On est convaincu qu’ils vont réussir !
NDLR : Nous ne mettons volontairement pas de Pinballoscore sur ce test, dans la mesure ou la version proposée était un prototype. Notre avis définitif sera mis à jour dès la livraison du code final et des premières machines, d’ici fin d’année.