Le flipper Foo Fighters | Stern Pinball | Premier aperçu

On ne peut pas dire que ce flipper était particulièrement attendu. Parasité par les rumeurs de sorties d’autres licences comme Venom de Marvel, énième flipper musical d’un groupe sympathique mais pas iconique, Foo Fighters Pinball aurait pu être un faux cornerstone. Entendez par là une des grandes sorties de l’année pour le fabricant Stern, mais rien de mémorable pour l’ensemble de la communauté.

Et pourtant, le reveal du 1er mars a bousculé nos a priori, et plus la machine se dévoile, plus la curiosité s’installe. Jack Danger, le designer et streamer, frappe fort pour son premier cornerstone.

Foo Fighters : le groupe sympatoche

Foo Fighters a été fondé par Dave Grohl, le batteur du regretté groupe grunge Nirvana. Mais la filiation musicale s’arrête là. Nirvana était une formation que je qualifierais « d’habitée », l’esprit d’une génération, la bande-son des ados occidentaux des années 90. Ses musiciens se qualifiaient eux-mêmes de médiocres, mais la puissance des paroles et des riffs les ont rendus littéralement incontournables. Ajoutez à ça la bogossitude torturée du chanteur Kurt Cobain, et la légende était installée.

Dans l’équipe, Dave Grohl était le seul à avoir un bon niveau musical, et d’ailleurs le gars tient plus de l’homme orchestre que du spécialiste. Le premier album de Foo Fighters, après la mort de Cobain et la dissolution de Nirvana, a été composé par Grohl, et joué par lui, à tous les instruments sur la plupart des morceaux. S’il s’est entouré d’autres artistes ensuite, c’est uniquement parce qu’il n’a pas le goût des aventures solo.

Foo Fighters joue du hard rock, mais pas ultra énervé ni malsain. Il y a un côté adolescent potache qui se traduit également dans les clips, comme celui-ci.

Le niveau technique est bien supérieur à la formation précédente de Dave Grohl. Si un guitariste débutant peut commencer à jouer presque n’importe quel tube de Nirvana, ce n’est pas le cas des compositions des Foo Fighters. Concrètement, notre Dave a servi la vision des autres membres durant sa période grunge, pour s’émanciper avec Foo Fighters.

Si les mélodies sont agréables, elles n’ont, de mon point de vue, pas l’efficacité imparable et brute de Nirvana. Clairement, et c’est à nouveau subjectif, Foo Fighters, à l’image de son leader, est un groupe sérieux, attachant, mais qui ne marquera probablement pas l’Histoire de la musique.

Le flipper Foo Fighters : plus qu’un thème musical, un univers

Avec cette entrée en matière, on pourrait craindre un flipper fade. Mais le thème ne se résume pas, comme c’est parfois le cas, à dérouler les chansons du groupe lors d’un concert. Ici, l’équipe va vivre une aventure qui l’amènera à combattre un alien nommé Overlord.

Quel rapport avec le groupe ? Il y en a un, rassurez-vous : le nom Foo Fighters fait référence à l’expression utilisée pour désigner les OVNI observés par les pilotes de chasse américains durant la seconde guerre mondiale. Et par ailleurs, l’extra-terrestre hostile compte reformater le Rock, il vous appartiendra de l’en empêcher. Les scénarios de flipper ne se sont jamais embarrassés de vraisemblance, ce n’est pas maintenant que ça va commencer !

On reste sur un flipper musical : le joueur choisit une chanson au début de chaque manche, les missions prennent la forme d’une tournée à travers les Etats-Unis, les animations restituent ce roadtrip en van.

Pour ceux qui apprécient Foo Fighters, les 15 chansons répertoriées par le flipper couvrent tous les tubes du groupe. Pas d’impasse de ce côté-là.

Le plateau et l’artwork : un sans-faute

Artwork signé Zombie Yeti

Rapprochons-nous de la bête, maintenant que nous avons posé le décor. Tout d’abord, l’artwork est signé par Zombie Yeti, l’artiste chouchou de Stern Pinball depuis plusieurs années. Ce choix s’impose, car il a également collaboré à plusieurs reprises avec le groupe. Pourquoi chercher ailleurs ?

Comme à son habitude, Zombie Yeti nous offre un plateau, une caisse et un fronton chargés de détails, ultra colorés. L’Edition Limitée arbore des pieds et des armored rails verts criards. Je ne suis pas sûr d’apprécier, mais il s’agit bien de la seule critique que je pourrais formuler.

Caisse et Fronton Flipper Foo Fighters – Limited Edition
Caisse et Fronton Flipper Foo Fighters – Premium
Caisse et Fronton Flipper Foo Fighters – Pro

Les membres du groupe sont représentés sous forme de dessin, et l’exercice est beaucoup plus réussi que sur le flipper Rush, où on frisait la caricature façon Guitar Hero.

Un playfield aéré, des interactions en fond de plateau

Commençons par la structure du playfield, avant de regarder les éléments qui le compose. Du fait de l’artwork très chargé, on peut croire le plateau plus riche qu’il ne l’est réellement. La première moitié du plateau propose trois drop targets et un kicker. Du moins à première vue car l’innovation est présente, nous allons y venir plus bas.

Plateau du flipper Foo Fighters LE

Le fond de plateau propose trois rampes :

  • Celle de gauche effectue un 180° pour desservir le batteur de gauche. Sur les versions Premium/LE, le van fait office de blocage temporaire de la bille, le temps de choisir sa destination de concert.
  • Celle du fond à droite amène sur un upper playfield, et sur la version Pro passe contre le back panel puis revient vers le batteur de droite après un long chemin.
  • L’entrée de la 3ème rampe est plus difficile à repérer puisqu’elle est cachée sous l’upper playfield et fusionne ensuite avec la deuxième. C’est en regardant la version Pro qui ne bénéficie pas du upper playfield qu’on comprend sa forme. La 3ème rampe est accessible grâce à un 3ème batteur.

Sans être inintéressantes, ces trajectoires ne constituent pas de prime abord l’intérêt principal du flipper. On notera au passage l’absence de bumpers, ce qui est assez rare. On peut y voir, sans certitude, la volonté de Jack Danger de réduire la part d’aléa dans le gameplay. Ce ne serait pas étonnant de la part de ce joueur chevronné.

Un gros jouet et une bille folle

Il est impossible de passer à côté de l’imposant vaisseau armé de poings que pilote l’Overlord. Un observateur peu attentif pourrait croire à un toy à basher, façon Attack From Mars, le flipper légendaire des années 90. Surtout que la figurine gigote. Il n’en est rien !

En dessous se cache une petite « chambre », qui enferme la bille via 2 plots rétractables. Une fois dans ce petit espace, un aimant pris de démence va faire danser la gigue à la bille (oh l’expression de boomer !) et lui faire heurter deux cibles. Cette fonctionnalité sera-t-elle complètement aléatoire ou le joueur pourra-t-il influencer l’action de l’aimant ? Il faudra y jouer pour en avoir le cœur net.

A noter que la figurine est remplacée par un plexiglas sur la version Pro.

Upper playfield (Premium/LE) et bille captive

Là aussi réservé aux 2 versions les plus chères, l’upper playfield (un plateau au-dessus du plateau principal) accueille un bâtiment à traverser, une boucle autour du bâtiment et un batteur pour arroser le tout.

Upper Playfield – Flipper Foo Fighters – Stern Pinball

Décidément, la version d’entrée de gamme de Stern se destine désormais quasiment exclusivement à l’exploitation dans les lieux publics. La particulier n’acceptera plus un tel écart de prestation entre les versions, et se dirigera a minima vers le modèle Premium.

Autre élément rigolo et cette fois-ci présent sur tous les modèles : la bille en mouvement vient frapper une bille fixe, qui elle-même donne du mouvement à une bille captive qui fait alors le tour d’un plot, déclenchant une interaction activable avec le bouton de la lockbar. Ouais, c’est pas hyper clair mais l’image va vous aider.

Un flipper qui innove

Sans parler de révolution, Jack Danger a tout de même fait preuve d’initiatives inédites, et qui là aussi semblent être dictées par son passif de joueur expert.

Tout d’abord, voici ce que nous appellerons le « death save contrôlable » : il s’agit d’un plot situé en dessous du batteur gauche et qui peut être relevé pour sauver une bille perdue. Imaginez que votre bille est passée par la rigole de gauche. La manche devrait fatalement se terminer. Mais juste avant d’atteindre le outhole (le trou entre les 2 raquettes), la bille rebondit sur un plot qui surgit du plateau pour la faire ressortir entre les deux batteurs.

Un « death save » est une technique qui consiste à déplacer le flipper latéralement quand la bille passe entre les deux raquettes pour la faire rebondir sur le côté du trou plutôt que la laisser terminer sa course au fond de l’outhole. Hé bien ce petit plot malin permet de rendre cette action contrôlable sans bouger le flip’, et dans le contexte de l’outlane. Vous suivez ?

Le petit plot qui sauvera votre bille

Des cibles dans les inlanes !

Pour finir, les rigoles qui envoient la bille sur les batteurs possèdent chacune une cible, dans la courbe, activable durant la descente ou bien en effectuant un post pass. Il s’agit d’une technique qui permet de faire passer la bille d’un batteur à l’autre. Lors de la manœuvre, la bille ira toucher la target.

Une cible dans l’inlane ! Mais que fait-elle là ?

La cible de gauche joue d’ailleurs manifestement un rôle pour activer le « death save contrôlable ». Ces choix de design plairont aux joueurs chevronnés et ne gêneront a priori pas l’amateur. Ne pas en profiter ne rendra pas le flipper ennuyeux pour autant, mais incitera à la progression.

Jack Danger, seul à la manœuvre ?

Dead Flip (son nom de streamer) signe ici un plateau qui démontre une certaine maîtrise et de l’audace. Sans douter du talent de notre homme, le commun des mortels a généralement besoin de plusieurs essais avant d’atteindre ce niveau. Or, Jack n’a à son actif qu’un seul flipper avant celui-ci : le Jurassic Park Home Edition.

Un Home Edition, ou Pin, désigne chez Stern une version « allégée » d’un flipper classique, avec des prestations à l’économie (bois du plateau, taille de l’écran LCD, moins de toys…). La conception doit certes être repensée, mais sur la base d’un modèle plus élaboré. L’exercice semble beaucoup plus aisé que de concevoir une machine en partant de zéro.

Jack Danger, il y a quelques années

Jack étant un être humain comme vous et moi (en plus grand), il serait logique de penser qu’il a bénéficié du soutien de toute une équipe expérimentée pour son premier plongeon dans le grand bain. Ce serait une bonne nouvelle, car cela signifierait que Stern a réussi à créer une organisation de talent, qui ne tient pas qu’au savoir-faire d’une poignée de designers. Savoir que la qualité d’un produit ne dépend pas que d’une seule personne est sécurisant, non ?

Certes, le story telling est meilleur quand on imagine un homme seul face à sa création, mais comme pour un jeu vidéo ou un film, cette image d’Epinal s’éloigne généralement beaucoup de la réalité. On lui posera la question à l’occasion !

Prix

Une fois n’est pas coutume, le prix de ce flipper ne devrait pas augmenter par rapport au dernier flipper James Bond, ce qui nous donnerait :

  • Pro Edition : 9 600€ TTC
  • Premium Edition : 12 900€ TTC
  • Limited Edition : 17 200€ TTC

Le site allemand Pinball Universe annonce même des prix en dessous, mais pour l’instant nous n’en savons pas plus.

Le nouveau flipper de référence ?

Restons prudents tant que nous n’y avons pas joué. De l’avis du plus grand nombre, le meilleur flipper récent chez Stern Pinball est Godzilla. D’ailleurs, il s’agira probablement du produit du manufacturier qui se sera le plus vendu. Il n’y a aucun chiffre officiel, les personnes qui connaissent le marché s’accordent à le penser.

Vu l’accueil réservé à ce flipper Foo Fighters, nous tenons là un challenger sérieux. Même le code, entrevu lors d’une session live, semble être déjà abouti. On ne peut pas le certifier, car généralement les manques se font sentir sur les fins de scénario, peu visibles lors d’émissions en direct. L’impatience est à son comble, sachant qu’il nous faudra probablement plusieurs mois avant de pouvoir toucher un Premium en Europe.

Nick_O
Nick_Ohttps://pinballmag.fr
Collector of friends who have pinball collections.

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