Pincab Come to the dark side

 

Salut les pinheads et curieux de toutes sortes !

Nous aurions aimé que le coût de la vie revienne à la normale, que les pénuries s’estompent peu à peu et voir enfin le bout du tunnel. Malheureusement, les événements récents n’abondent pas dans ce sens, et rien de tel qu’une petite partie de flip’ pour se changer les idées, mais encore faut-il en avoir la place et les moyens.

Le résultat de 2 ans de prises de tête.

Alors dans ces conditions, que penser de la solution « pincab » ? Séduisante ou non ?

Loin d’essayer de vous convaincre, je vais plutôt tenter de synthétiser ce qu’est un bon pincab et vous faire part de mon retour d’expérience sur le sujet.

Personnellement, je me suis lancé dans l’aventure pincab il y a bientôt 6 ans maintenant, en rejoignant le forum pincabpassion.net . J’y ai créé un « WIP » (un sujet de forum sur mon projet en cours, « Work-In-Progress » en anglais) dans lequel j’ai montré mes avancées, mes progrès, mes interrogations, mes changements d’avis et pour finir, le résultat final… Ce fut long, mais ce fut bon !

Ça veut dire quoi, pincab ?

Le terme Pincab vient de l’anglais « Pinball Cabinet » mais les anglo-saxons préfèrent le qualifier de « Virtual Pinball ».

Si je devais tenter de vulgariser, je vous dirais que le pincab est au flipper ce qu’un simulateur de conduite est à l’automobile. On va y retrouver les organes externes d’un vrai flipper mais on va remplacer le plateau par un écran et le cœur du système par un PC (ou une console). A partir de là, sa forme et son hardware pourront varier suivant les envies, les moyens et les idées de son créateur.

Coté Software, Syl Vain a déjà abordé les jeux vidéo basés sur le flipper et y avait cité notamment les grands noms du milieu tel que Pinball FX (Zen Studio) ou Pinball Arcade (Farsight Studio). Toutefois, ces jeux n’offrent pas une intégration « out-of-the-box » pour le pincab. Par exemple, pour jouer en mode « portrait » sur Pinball FX, il vous faudra envoyer un mail à Zen Studio avec une photo de votre pincab pour qu’il vous envoie un code unique pour déverrouiller la fonction « cabinet ».

Si vous cherchez véritablement des logiciels adaptés, c’est vers l’open source que vous trouverez votre bonheur, et notamment vers Visual Pinball X et Future Pinball, même si le deuxième a nettement moins le vent en poupe malgré quelques belles réalisations comme la toute nouvelle Sonic Pinball Mania.

Sonic Pinball Mania, sortie le 28 février dernier sur Future Pinball (disponible sur VPUniverse)  

Difficile donc, quand on parle de flippers virtuels, de ne pas parler du duo Visual Pinball X (VPX v10.7 à l’heure où j’écris ces lignes) + VPINMAME (le cousin de l’émulateur MAME, très connu dans le milieu du retrogaming), puisqu’il propose les plus belles reproductions de tables avec l’émulation des ROM d’origine. Et non seulement ce combo de logiciels est gratuit, mais c’est également le cas de l’ensemble des tables qui sont mises à disposition par la communauté.

Alors là vous allez me dire : « Finalement, c’est tout simple un pincab : un PC, un écran et deux boutons… pas besoin d’en faire des caisses ! »

Oui bah justement la caisse du pincab, on y reviendra un peu plus loin, mais pour le moment ce qui est important de retenir c’est que le coût de revient d’un pincab ne dépend donc que du hardware qui le compose, le software étant (en grande partie) en libre accès sur la toile.

 

 

Dernières actualités pincab

De l’importance de bien choisir son écran

L’affichage du playfield est la pierre angulaire de tout pincab. De ce choix, qui peut paraître anodin, va dépendre l’intégralité de la construction du pincab : ses dimensions, la configuration du PC qui lui siéra et les toys qui viendront autour.

Si certains préfèreront rester sur des dimensions raisonnables (faute de place) et tenter l’aventure avec une version minimaliste, je leur conseillerai toutefois de ne pas descendre sous un format de 24 pouces. En dessous, l’image du plateau sera trop petite et l’expérience de jeu pas forcément au rendez-vous… vous pourriez même être déçu et délaisser votre pincab.

Quand je vous dis que ça rentre pile-poil

Quand je me suis lancé dans l’aventure, le standard pour un pincab échelle 1:1 était le 40 pouces des familles, en full HD (1080p pour les puristes). Aujourd’hui, le standard c’est plutôt le 43 pouces en 4K qui rentre pile-poil dans une caisse « Wide-Body » …. et là où nous mettions des téléviseurs dans nos pincabs, aujourd’hui, ce sont plutôt des moniteurs qui sont privilégiés et qui offrent des temps de latence record.

La fréquence d’affichage est secondaire sauf si vous voulez aller au-delà des 60 images par seconde (minimum requis pour avoir une bonne fluidité de la bille). Il est possible, moyennant finance, d’atteindre des fréquences de 140 images par seconde mais il vous faudra une configuration récente et musclée.

La latence des pincabs : un vrai faux problème

Allez ! On l’aborde le sujet qui fâche ?

Pour mieux comprendre ce phénomène bien connu des joueurs de jeux vidéo, il faut le définir physiquement : sur le pincab, c’est le laps de temps qui va s’écouler entre l’appui du bouton et le mouvement du batteur.

Sur un vrai flip, le délai entre l’appui du bouton et la réaction du batteur est quasi instantanée, la commande est transmise à la vitesse du courant électrique et notre cerveau ne perçoit aucune latence.

Sur un pincab, l’information part du bouton qui est connecté à une interface, elle-même connectée en USB sur le PC. Le PC traite ensuite l’information et la transmet à l’écran via le câble HDMI, ce dernier traitant à son tour le signal reçu pour le transformer en image visible.

Chaque phase de cette transmission de données prend du temps, infinitésimal pour certaines, mais plus longues pour d’autres et notamment pour l’écran qui accapare souvent la plus grosse part du gâteau de ce temps perdu.

Nous sommes sur une échelle de quelques millisecondes ! Cela parait faible, mais pour un œil averti, une latence de 30 millisecondes est amplement suffisante pour créer un inconfort visuel entre l’appui et la réaction visible.

Aujourd’hui, vous trouvez des téléviseurs avec des temps de réponses à 5ms et des moniteurs à 1ms. Avec de telles performances, la latence est imperceptible.

Pour autant, la latence rend-elle le jeu injouable ?

De mon point de vue, mon écran n’étant pas un écran « gamer », j’ai malheureusement dû m’habituer à ce phénomène et aujourd’hui, je ne le ressens quasiment plus. Encore mieux, je passe de mon flipper à mon pincab sans soucis. Cela reste subjectif, mais s’il faut retenir une seule chose, c’est que ce phénomène peut être effacé en choisissant un écran avec une latence faible (CQFD).

OK pour l’écran, mais quid du reste ?

Maintenant que nous avons choisi notre écran pour simuler le plateau, nous pouvons passer à la caisse… (dans les deux sens du terme).

Certaines configurations minimalistes se contentent d’un seul écran et de boutons, la caisse est généralement à la croisée des chemins entre le pincab et le bartop (borne d’arcade que l’on peut poser sur une table).

Mais qui dit fronton, dit speaker panel… et qui dit « speaker panel », dit « Dot-Matrix-Display ».

Est-il possible d’équiper son pincab avec ce type d’afficheur ? Bien sûr ! il y a le PIN2DMD qui est un choix à privilégier quand on aime les flippers des 90’s mais on peut également émuler ce type d’afficheur sur des écrans LCD aux dimensions équivalentes aux flippers Stern Spike 2… tout est possible sur un pincab !

Avec son fronton, une coin door, une lockbar, un tire-bille, le pincab ressemble de plus en plus à un flipper. Nous pourrions nous dire qu’à ce stade, le pincab est jouable… Mais c’était sans compter sur le DOF : le Direct Output Framework !

Ce logiciel au nom barbare est pour ainsi dire le chef d’orchestre des « Toys » qui vont jouer pour vous la douce symphonie mécanique tant attendue, au rang desquels vous trouverez : des contacteurs électro-mécaniques (ceux-là même que l‘on trouve dans des armoires électriques), un shaker (comme dans les vrais flippers), un knocker, mais aussi des xylophones (pour les fans de flippers à rouleaux), une cloche à incendie, des ventilateurs (blowers) et même… Un moteur à essuie-glace !!!

Mais le DOF c’est aussi la gestion du « light-show » avec des LEDs RGB qui changeront de couleurs pour s’adapter au thème : pas moins de 5 flashers, un gyrophare, des stroboscopes et des leds sous la caisse… Et pour les plus aventureux, il est même possible d’ajouter des LEDs adressables !

Tout ce petit monde est bien entendu entièrement interactif avec chaque jeu, les effets étant implémentés, un par un, sur chaque table, par des membres passionnés de la communauté.

Medieval Madness sur un pincab

Exemple : imaginez une partie endiablée de Medieval Madness !

La bille quitte la rampe de lancement avec un effet de chenillard violet du plus bel effet qui l’accompagne sur la bande latérale du playfield. Elle descend sur les trois bumpers. A chaque fois qu’un bumper s’active sur le playfield, vous avez des contacteurs qui viennent frapper contre la caisse. Dix contacteurs équipent le pincab, chacun judicieusement positionnés pour simuler le bruit que ferait les bobines des batteurs, des slingshots ou des targets. Vous frappez la fameuse porte du pont-levis, il s’abaisse et le moteur d’essuie-glace se met en route. La herse s’ouvre, votre bille entre dans le château, le shaker se met à vibrer pendant que des contacteurs frappent de nouveau à chaque mouvement des tours du château et le stroboscope envoie des flashs lumineux.

Vous ressentez les vibrations des toys lorsque vos mains sont sur la lockbar, vos yeux sont éblouis par le light-show, comme sur un vrai flipper, ou presque… Car certes nous ne sommes pas vraiment en face de ce flipper de légende mais le pincab nous permet de le ressentir en partie, et c’est déjà pas si mal !

Des innovations permanentes qui ne cessent d’améliorer le ressenti

Ces dernières années, le monde du flipper virtuel n’a cessé d’innover pour amener encore plus d’interactivités.

Il y a notamment le SSF : Surround Sound Feedback. Ce système de gestion du son du playfield consiste à répartir des enceintes vibratoires (« exciters » dans la langue de Shakespear) sur les parois de la caisse. Les sons de la table sont alors propagés en 3 dimensions dans la caisse, amenant ainsi un réalisme sonore bluffant.

Vous aurez, par exemple, la sensation que la bille roule véritablement aux quatre coins de votre caisse, et les bruits mécaniques seront incroyablement plus réalistes.

C’est d’ailleurs devenu un must-have dans la communauté du pincab, permettant même d’éviter l’utilisation de certains toys comme les contacteurs cités précédemment.

Pinup Popper change la donne sur le Pincab

Mais le soft qui a vraiment changé la donne, selon moi, ces dernières années, c’est Pinup Popper !

Ce logiciel, couplé aux autres émulateurs, justifie à lui-seul la nécessité d’avoir un fronton. Il permet d’afficher des vidéos interactives en relation avec le jeu. Les possibilités sont immenses comme celle d’ajouter des vidéos pour les flippers à licence basée sur un film.

Mais ce n’est pas tout car grâce à ce logiciel, il est également possible de créer des tables de toutes pièces sur un thème jamais utilisé dans le monde du flipper comme « Harry Potter » de Orbital Pinball.

L’autre grande force du pincab : sa communauté !

Qu’elle soit anglophone ou francophone, la communauté du flipper virtuel ne cessera jamais de m’étonner. Bien souvent novateurs, les petits pinheads adeptes du pincab sont toujours à l’affut de LA bonne idée qui va révolutionner nos jouets.

Mais cette communauté, c’est avant tout des créateurs de tables, bénévoles, de purs passionnés, dont la seule quête est la reconnaissance envers le travail accompli sous forme d’un petit commentaire ou d’un like sur la page du site qu’il a choisi pour mettre à disposition son dur labeur.

Vous en conviendrez, la moindre des choses est donc de respecter ce partage en le téléchargeant sur ces sites et non de télécharger (ou payer) un pack de tables. Ça peut sembler anodin, mais c’est un manque de respect très mal vu envers les créateurs.

De plus, la plupart des packs de tables proposés sont bien souvent obsolètes (certains packs fonctionnent sur des versions anciennes de Visual Pinball et sont très loin de la qualité atteinte à l’heure actuelle).

En bref, c’est le DEAL ! le contenu est GRATUIT mais on le télécharge uniquement sur les sites dédiés !

Depuis que je me suis lancé dans cette passion, deux sites prestigieux de partage de tables ont disparu : monsterbashpincab.com et vpinball.com, consécutivement à un ras-le-bol général ou des prises de bec intempestives dont la source était souvent ces fameux packs.

A bon entendeur…

Vous avez tout compris, vous êtes emballé(e) mais…

… Vous n’êtes pas bricoleur, vous confondez les vis et les boulons et pour vous une défonceuse est un accessoire BDSM…

A moins que ce soit le temps qui vous manque…

Pas de problème : il est possible d’acheter un pincab prêt à l’emploi, voire sur mesure !

J’ai déjà cité le webshop Artcab, mais sachez qu’en cherchant un tout petit peu (comme en tapant « achat pincab » sur votre moteur de recherche préféré), vous devriez avoir un certain nombre de choix qui s’offre alors à vous.

Voici quelques conseils pour ne pas vous tromper dans votre achat :

 

    1. NE VOUS LAISSEZ PAS BERNER PAR LE NOMBRE DE TABLES PROPOSEES ! C’est sûrement l’argument que vous trouverez le plus souvent… mais parfaitement inutile. Les tables sur Visual Pinball et Future Pinball sont GRATUITES et facilement trouvables à qui s’en donne la peine.

    1. Comme évoqué en début d’article, le duo le plus important est l’écran et le PC. Vérifiez quel type d’écran est installé dans le pincab, son temps de latence notamment. Vérifiez également la carte graphique proposée. N’hésitez pas à poser des questions à la boutique, sur les forums ou sur les groupes Facebook. Les vrais professionnels seront toujours à votre écoute et répondront à vos questions.

    1. Evitez d’acheter vos pincabs à l’étranger. Certaines offres peuvent sembler alléchantes mais quid du SAV ? Il est préférable de la jouer local. Il y a suffisamment de boutiques en France pour y trouver votre bonheur. Comme pour tout autre achat sur le net, fiez-vous aux avis publiés.

    1. Les Toys : c’est ZE paramètre qui va faire gonfler le coût de votre futur nouveau jouet. Donc avant de comparer les coûts entre deux boutiques, regardez bien ce qui est inclus dans le pincab (contacteurs, shaker, knocker, MEG, Led etc…). Tous ces équipements ont un coût mais demandent également des heures de main d’œuvre supplémentaires pour le vendeur.

Si je devais vous donner une fourchette de prix, cela irait de quelques centaines d’euros pour des modèle avec un simple écran 24 pouces à plus de 6000 euros pour un pincab échelle 1:1 full toys !!

En conclusion

Sommes-nous donc en face d’une révolution ? le flipper mécanique laissera-t-il un jour sa place au flipper virtuel ? Rien n’est moins sûr et personnellement, je ne le souhaite pas.

Loin de bousculer son grand frère, le pincab est un hommage à la magie de ces machines. Il permet aux amoureux de la bille de pouvoir jouer à un nombre de tables en constante augmentation avec un réalisme en perpétuelle amélioration.

Il pourrait être le parfait compagnon d’un compétiteur qui souhaite s’entrainer à des flippers avant un tournoi, ou un complément ingénieux aux collectionneurs qui souhaiteraient se faire une idée sur une éventuelle future acquisition.

J’ai la chance de posséder un vrai flipper à la maison comme la plupart de ceux qui liront cet article, mais pour autant, j’ai toujours l’envie de jouer avec mon pincab.

D’ailleurs, les augmentations actuelles des prix des flippers, qu’ils soient neufs ou d’occasion, me font penser que le pincab a encore de beaux jours devant lui… Comment espérer jouer aujourd’hui par exemple à des jeux aussi mythiques que le Medieval Madness, le Monster Bash, le Theatre of Magic ou autre Cirqus Voltaire sans avoir à casser son PEL ?

J’espère vous avoir donné envie de vous lancer dans cette aventure ou à défaut d’avoir attisé votre curiosité.

Les sources pour votre projet pincab

Nota : Un grand Merci à Olivier Servais pour le partage des photos détaillées de ses réalisations.

Si vous souhaitez télécharger des tables :

 

Si vous souhaitez vous documenter sur la fabrication d’un pincab :