Le flipper Tales of the Arabian Nights | Williams | Le rétro test

Toi, jeune Pinhead, sache qu’il fut un temps où presque un flipper sur deux n’était pas adossé à une licence. Mais, et là je commence en mettant direct les pieds dans le plat, cela ne signifiait pas que nous étions pour autant abreuvés d’univers originaux.

Loin de là… Un flipper sans licence s’appuyait souvent sur un « lore » déjà codifié. Un « lore » est un terme utilisé dans le monde du jeu vidéo pour désigner le monde dans lequel l’histoire a lieu (l’univers magique autour de la saga Harry Potter par exemple). Pour donner quelques exemples de lores utilisés dans le flipper :

  • Le thème médiéval fantastique de Medieval Madness (princesse, dragon, trolls, Merlin…)
  • Les tours de prestidigitation éculés de Theatre of Magic
  • L’invasion extraterrestre pour Attack From Mars (soucoupe, martiens verts, armée américaine)

Tales of the Arabian Nights (TOTAN pour les intimes) s’inscrit dans cette utilisation d’univers générique, dont les références sont partagées par tout le monde occidental.

Je préfère largement le plateau à la backglass.

Les contes des mille et une nuits

Nous voici donc transportés dans ce Moyen-Orient fantasmé, dont les images d’Epinal vont constituer la matière du plateau et de ses toys :

  • un génie bleu malveillant
  • une lampe magique
  • un serpent à charmer
  • une princesse à la fois captive et ressemblant à une danseuse du ventre
  • un bazar
  • un tapis volant
  • et j’en passe…

Tous les poncifs du monde d’Aladdin se retrouvent sur le plateau. Mais il faut que les références culturelles soient vues, revues et assimilées pour qu’elles aient la même force qu’une licence juteuse.

Petite séquence Histoire au passage : les contes des mille et une nuits sont une compilation de contes populaires d’origines à la fois persanes (Iran actuel), indiennes et arabes. Les Arabes étant les auteurs du recueil, ils ont relocalisé les récits dans leur époque et leur monde musulman.

Tout ça pour dire que l’appropriation culturelle ne date pas d’aujourd’hui, qu’elle fait d’ailleurs partie de l’évolution des civilisations. Et notre petit flipper Williams n’en est qu’une émanation, caricaturale certes, mais anecdotique.

Princesse, me voilà !

L’histoire que raconte ce flipper ne casse pas trois pattes à un canard : vous devez sauver la princesse que le vilain génie a enfermé dans une bouteille. Pour cela, vous devrez réussir sept contes tirés des 1001 nuits :

  • Sinbad combattant des sortes d’aigles gigantesques appelés Rocs, ou Rokhs
  • Ali Baba et son fameux « Sésame » à épeler
  • Flying Horse (cheval volant mécanique) à trouver parmi cinq canassons
  • Scheherazade dont il faut épeler le nom (plus facile dans le jeu qu’en vrai)
  • Camel Race (course de chameaux) à gagner
  • Flying Carpet (tapis volant) avec lequel il vous faudra échapper aux 40 voleurs
  • Cyclops qu’il faut vaincre en leur balançant un gros caillou dans l’oeil

Chaque quête accomplie vous gratifie d’un joyau. En collecter 7 vous fera accéder au Wizard Mode. Celui-ci consiste à vaincre l’armée de squelettes du génie et ainsi libérer la princesse.

Voilà pour le scénario principal.

Sésame, fais-moi voir tes jolis toys

Voilà un plateau généreux selon les critères de 2022, mais classique selon ceux de 1996, année de sa commercialisation. Deux toys sautent aux yeux.

Le génie de TOTAN

Un gros génie bleu trône au fond du plateau. Le frapper avec la bille déclenche un aimant à son pied qui retient la bille. L’animation liée à un des contes se joue, et la mission associée commence.

Le génie de Tales of the Arabian Nights

Sinon, frapper le génie épelle G-E-N-I-E, ce qui donne accès à un multibille à 3 billes. Il faudra à nouveau toucher le toy pour récupérer les jackpots, je vous passe les détails. J’aime pas ça, les détails.

Il a un peu la classe, ce génie, il en impose. Contrairement aux détails susnommés, j’aime bien.

La lampe magique

Cet objet, prenant encore plus de place sur le playfield, est à la fois jouissif et frustrant.

Jouissif car il faut faire tourner la lampe sur elle-même. Chaque semi-rotation allume une petite lumière bleue sur le plateau. A la 14ème, « Make a Wish » devient disponible dans le trou du bazar. Non, j’aime pas non plus le mot « scoop » pour parler du trou sur un plateau, je trouve ça pas clair du tout, ça m’énerve.

Le vœu en question est une sorte de raccourci de folie qui permet de réussir la mission en cours sans plus de formalité. Il propose un choix biaisé entre deux options, car il faut systématiquement opter pour le joyau qui nous fait avancer vers le sauvetage de la donzelle en détresse.

Par ailleurs, faire tourner la breloque génère un bonus de points sympathique. Voilà pour la partie sympa.

En revanche, on lui reproche souvent de casser le flow, par son caractère imposant et son emplacement quasiment au centre du plateau. Elle entrave les shoots vers le génie depuis le batteur de droite. Elle gêne l’accès et même la visibilité des cibles placées derrière elle.

Enfin, elle requiert un entretien soigneux pour limiter au maximum les frictions qui empêcheraient la lampe de tourner correctement sur elle-même.

Bref, on ne peut pas imaginer TOTAN sans sa lampe magique, mais on ne peut pas non plus s’empêcher de penser que le designer John Popadiuk n’a que partiellement réussi son coup.

La version tuning de la lampe.

Skillshot de précision

Le SkillShot à tir mou

Le dernier toy, si on peut le qualifier ainsi, est une plaque avec 3 trous représentant 3 paniers à serpent. Au lancement de la bille, l’écran DMD vous indiquera quel panier viser en dosant la puissance de votre lance-bille. Si vous ratez, le serpent vous mord. Sinon, vous obtenez les points du skillshot et la possibilité d’enchaîner avec le Super Skillshot qui se résume à viser la rampe.

J’aime pas le dosage avec les shooters, les exercices de précision me gavent. Néanmoins, je dirais que l’exercice est d’une difficulté bien dosée. J’ai lu certaines critiques qui trouvaient le résultat hasardeux. Il faut croire qu’il y a plus Low Score Pinball Wizard que moi. Et Bim !

Une rampe, ou trois, à vous de voir

Une particularité étonnante de ce flipper est de n’avoir qu’une seule entrée de rampe. Celle-ci se divise ensuite pour distribuer la bille sur trois fins de rampes différentes.

Suivant la puissance du tir, la bille a déjà deux options. Avec un tir fort, la bille parcourra tout le tourbillon transparent et servira l’une des deux sorties que je vais expliquer plus bas. Avec un tir mou, la bille empruntera une rampe en plastique sinueuse qui servira le batteur droit.

Avec un tir fort, et suivant la séquence de jeu, un aimant s’activera ou non pour orienter la bille soit vers une rampe en métal en diagonale vers le batteur droit, soit vers une rampe en plastique qui dessert le flip’ de gauche.

Une rampe, mais sympa

Des similarités frappantes avec Theatre of Magic

John, John… C’est pas bien, d’être un gros feignant ! Ca se voit que tu as pompé la tonne de mécanismes sur ton précédent succès !

Le copier/coller le plus évident est l’anneau magnétique qui saisit la bille au-dessus de la rampe. Il s’agit ni plus ni moins que du Magic Ring de Theatre of Magic mis à l’horizontal.

De plus, un aimant est situé sous le plateau à l’entrée des rigoles gauches et droites. Ces shooting stars sauvent la bille comme… Le Magna Save de Theatre of Magic !

Avec un tir très mou vers la rampe, la bille peut la quitter, ce qui génère un verrouillage de bille secret. Tiens tiens, comme derrière le coffre de Theatre of Magic !

Au départ de chaque partie, vous pouvez choisir le premier conte à réussir avec le flipper gauche. Un mécanisme que nous retrouverons également sur… Je n’ose le dire.

Et dis donc, il n’y aurait pas une bille captive des fois ? Comme sur… Non, j’arrête.

Certes, ces points communs vont aussi se retrouver sur d’autres machines, mais pas en si grand nombre. D’un autre côté, les différences entre les deux jeux dépassent les similarités, donc on va passer l’éponge.

Le gros aimant pompé sur Theatre of Magic

Tales of the Arabian Nights : trop facile ?

Comme beaucoup de flippers mythiques de l’âge d’or, TOTAN se voit reprocher son code trop simple, mais aussi sa facilité. Effectivement, on ne se parle pas d’un gameplay profond comme Jurassic Park. Mais personnellement, c’est ce qui me fait l’apprécier.

Quant à sa facilité, il faut reconnaître que la critique est légitime. La fonctionnalité « Make a Wish » permet de réussir une mission sans aller au bout. C’est quand même trop pratique pour être honnête.

Les petits triangles du Make A Wish

Par ailleurs, une mission enclenchée se poursuit d’une bille à l’autre. Voilà une idée simple et attractive pour les débutants !

Le flipper pour les copains de passage

Donc, cette table est facile. Mais surtout, ses règles se comprennent aisément. En cela, il aura toujours la préférence des joueurs occasionnels.

De plus, l’agencement de son plateau, bien qu’imparfait, en fait une machine simple sans être vue et revue (Stranger Things, c’est toi que je regarde).

Il s’agit donc d’un bon flipper qui fera honneur à votre gameroom. Néanmoins, prévoyez de compléter avec une machine plus exigeante si vous jouez beaucoup et que vous ne vous situez pas dans la catégorie Low Score Pinball Wizard.

Flyer Tales of the Arabian Nights
Nick_O
Nick_Ohttps://pinballmag.fr
Collector of friends who have pinball collections.

Latest articles | Articles récents