Approchez, approchez, les p’tits Pinheads, venez poser vos fesses autour de ce feu de camp improvisé que je puisse vous conter les exploits d’une communauté ! Non pas la nôtre, pas celle du monde du flipper, mais celle de l’anneau !
Alors là, à ce stade, je me rends compte que dit comme ça, on se demande comment va tourner cette intro. D’ailleurs j’en vois déjà parmi vous qui se dise que ça va encore finir autour du trou balle ! Mais que nenni, jeunes damoiselles et damoiseaux. Ah oui… alors au passage j’emmerde le wokisme, j’utilise toujours damoiselles et damoiseaux parce que c’est la classe à Dallas. Et oui ! Mes vannes et mes références sont à classer entre le culte et le ringard parfaitement assumé. De toute manière dans quoi… trente, quarante ans ma génération est crevée et le monde sera alors aux fragiles et tous les avatars offensés qu’ils auront engendrés et nous, de là où on sera, on va bien se marrer… ou pas !
Pourquoi je vous dis ça ? Ben parce que là je vais parler de nains et non pas de personnes de petite taille ; parce que je vais parler de vieux à moitié moisis qui ne sait compter que jusqu’à trois et encore à l’envers et que je ne vais pas parler de personne à mobilité réduite en perte d’autonomie dont les facultés cognitives sont altérées ; parce que je vais parler d’orcs bien gros, laids et cinglés et non pas de minorité qui dépasse la mesure ordinaire de masse jouissant tout de même d’une beauté alternative mais ayant une tendance neuro atypique ; et qu’on va buter des animaux à la pelle parce que des araignées géantes et des wargs non c’est pas cool et que si tu trouves ça cool, t’as qu’à les prendre chez toi !
Vous l’aurez compris, ce test c’est pour les grandes filles et les grands garçons ! C’est la réalité augmentée des années 80 en plein dans ta face !
Donc ! C’est pas tous les jours que l’on pose les mains sur une machine de Jersey Jack Pinball, encore plus particulièrement sur le Hobbit et encore plus quand il s’agit de la version Smaug, c’est à dire la version la plus haut de gamme chez le constructeur. Je sais que les puristes vont crier au crime de lèse majesté car oui, en effet, il ne s’agit pas à proprement parler de la communauté de l’anneau tirée du seigneur des anneaux de J.R.R Tolkien mais bel et bien du Hobbit toujours de l’œuvre de J.R.R Tolkien. Mais entre nous, j’aimais bien l’idée et pis ça me faisait mon intro et pis je fais bien ce que je veux après tout ! Et vous avez vu en plus, j’ai même pas parlé de trou de balle ! Euh… sauf là en fait… eh merde…
Sommaire
J’annonce : fracture de l’œil pleine face !
Bon, maintenant que j’ai placé mon coup de shotgun dans « génération fragile », je vais aussi placer mon coté finesse et sensibilité pour brouiller les pistes de la case dans laquelle on voudrait me ranger : est-ce un gros bourrin à l’empathie proche de zéro ou un guerrier poète utopique qui combat les idéalistes devenu idéologues ?
En fait, je suis un grand sensible et même si ce n’est pas votre cas, vous ne resterez pas insensible à l’artwork de ce Hobbit version Smaug. Disons le clair et net : c’est une beauté !
Alors vous allez me dire : « oui ben facile avec l’adaptation de Peter Jackson, on a déjà une bonne base graphique ! » C’est pas faux ! Mais ! Le tour de force de JJP, que l’on va d’ailleurs retrouver sur le playfield, c’est l’intégration du thème. En effet, avoir une excellentissime base graphique n’engage pas pour autant une réussite en terme d’objet finalisé.
Mais là, des pieds au topper (en option par Elite topper) c’est une vraie réussite ! Tout est d’or ! Les pieds, side rails en passant par les charnières et lockbar sont aux couleurs du précieux métal jaune jalousement gardé par Smaug à Erebor, autrefois propriété des puissants nains. Mais, détail qui a son importance, la finition est martelée rappelant les coups de marteaux dans les mines et les forges jadis actives.
Un sens du détail que l’on retrouve au niveau du fronton notamment dans l’intégration du gigantesque écran LCD, marque de fabrique de JJP, celui-là même qui poussa le leader Stern à passer au LCD et non plus au DMD.
Une magnifique intégration exécutée avec un liseré runique doré, preuve de puissance et de raffinement des nains, entoure l’écran et propose ainsi une finition haut de gamme ! Franchement, quand le flipper est allumé, ça envoi du lourd ! C’est même certainement un des plus beaux frontons qu’il m’ait été donné de voir. Si certains ont déjà eu la chance de voir le fronton du flipper Alien de Pinball Brothers en action, on est clairement de ce niveau là voir un cran au dessus, car, de mon point de vue, l’intégration (toujours elle !) des speakers est mieux gérée sur la machine de JJP.
Niveau caisse on n’est pas en reste même si l’on est sur quelque chose de plus classique : Smaug d’un côté et de l’autre, la qualité des décals est top mais pas l’originalité pour le coup !
Globalement la machine est une petite pépite tout droit sortie d’Erebor ! Rien n’est plus beau sauf peut-être l’Arkenstone…
Un royaume sous la montagne vide ?
C’est bien beau de faire une belle machine d’extérieur mais ça donne quoi niveau plateau ? Vous le savez, à Pinball Mag., même si on nous prête les machines, nous vous délivrons toujours une information transparente et honnête. Et honnêtement la première fois que j’ai vu ce widebody, deux réflexions ce sont imposées à moi : c’est vide, c’est beau !
Alors vide, ça ne le reste pas longtemps et ce n’est pas si vrai que ça. En effet, son côté widebody permet d’embarquer quatre trappes avec chacune un toy à basher à la sauce medieval madness : le chef orc Azog, un gobelin, une araignée (sale bête) et un warg (sale bête aussi!).
En ce qui concerne cet aspect de vide, cela tient plutôt à son architecture en fond de caisse et sur les bords plutôt qu’à une réalité objective puisqu’il y a :
- 11 drop target
- 3 bumpers dont 2 bumpers toys
- 2 rampes
- 2 up kickers
- 2 holes
- un diverter
- 2 slingshot toys
- 10 cibles fixes
- une bille captive avec target
- 3 batteurs
- 2 spinners
- un imposant Smaug electro-mécanique
- 4 rollovers
- 2 magnets
- des éléments de décors
- et un écran en forme de livre avec des informations qui viennent en complément du LCD principal.
Bon en gros… C’est chargé mais uniquement sur le papier. Ce plateau est finalement aéré, surprenant et j’aime particulièrement ça sur un flipper.
Quant à lui, l’artwork du plateau sans surprise est très fidèle à la saga. En utilisant les graphismes des films il apporte une légère immersion dans le thème. Car, si point faible il y a dans l’ensemble du plateau, c’est selon moi, un monde sous la glace un peu faible qui est compensé ici par l’ajout de mods bien choisis. Pour autant, ne vous méprenez pas, l’immersion dans l’ambiance des films est totale mais elle ne vient pas forcément du plateau en lui-même !
Bienvenue dans la Comté : une immersion inattendue
Mais d’où cette fantastique connaissance et cette énergie peuvent-elles venir ? Ah non merde je me suis planté de question ! Mais, si par contre quelqu’un à la (double) référence il peut me la dire en commentaire et je lui offre un sandwich à la fraise (ce qui fera une triple référence du coup !)
Mais alors d’où peut venir cette ambiance et cette immersion uniques dont parle chaque pinhead qui a eu le plaisir de poser ses mains sur ce flipper ? Voilà, c’était plus ça le truc !
Eh bien, selon moi de trois choses :
- La première, c’est bien évidement les images des films. Les séquences sont nombreuses, bien choisies et la taille de l’écran hors norme en full HD ne fait que renforcer le côté spectaculaire de l’action et de la contemplation. De plus, notons, comme depuis le début, une excellente intégration graphique des animations et du layout réalisé par les équipes de JJP.
- La seconde c’est le light show qui est sobre mais efficace. Il est là pour servir le jeu et non pas pour faire devenir n’importe quel humain de bonne condition physique un cas d’école de syndrome de West. Mais ça, c’était avant que JJP ne confonde light show et tuning show et ne fasse de ses machines de véritables centrales électriques visibles depuis la station spatiale orbitale ISS. La légende voudrait que Thomas Pesquet ait vu les machines en test en passant au dessus de Chicago… A vérifier.
- Et la troisième, qui, même si je la cite en dernier, est pour moi la plus importante : le sound design couplé au matériel audio embarqué par la machine. Là, ça mérite que l’on s’attarde un tout petit peu car c’est sans aucun doute le point le plus fort de ce flipper avec son gameplay que l’on verra juste après.
Le Hobbit version Smaug embarque 7 speakers avec une vraie définition dans les basses notamment pour vous délivrer une expérience sonore unique. C’est clairement un flipper à ambiance qui se joue fort et vous enveloppe dans l’univers de la Comté comme décrit cinématographiquement par Peter Jackson. Les musiques sont excellentes, on ne s’en lasse pas, les voix des acteurs nous plongent littéralement dans l’action (même si j’ai envie de mettre un coup de chevrotine à Gandalf qui nous met une pression de ouf avec son compte à rebours) et le sound design est juste parfait ! Chaque action sur les rampes, bumpers, drop target etc s’accompagne d’un son et c’est un carton plein ! C’est d’ailleurs une partie sur laquelle JJP s’était déjà illustré par le passé avec The Wizard of Oz.
N’oublions pas que JJP signe à ce moment là sa deuxième sortie uniquement. Il s’agit véritablement d’un tour de force du constructeur.
Gameplay : par ici pauvres fous !
Pour ceux qui n’ont jamais joué à un JJP et encore plus à un widebody, le gameplay du Hobbit version Smaug peut en dérouter plus d’un. On reproche souvent aux widebody d’être lent. Les centimètres supplémentaires sur la largeur du flipper font que les trajectoires sont plus longues et donc fatalement la bille peut décélérer facilement. De plus les batteurs de JJP ont la réputation d’être « mous ». En comparaison avec d’autres marques et notamment Stern, les joueurs ont tendance à rapporter un toucher de bille plus faible, plus « mou » une nouvelle fois. En réalité le toucher de bille est différent voilà tout ! Chaque fabricant a ses caractéristiques et JJP ne déroge pas à la règle tout simplement.
Donc, une fois familiarisé avec ce toucher de bille différent, vous allez pouvoir découvrir les joies du widebody et de ses trajectoires plus amples. Mais ne vous méprenez pas, vous n’aurez pas affaire ici à un jeu lent ! En effet, les objectifs à atteindre peuvent aussi bien se situer en fond de plateau que sur les côtés en milieu de plateau, ou au centre en milieu de plateau avec les rollover ou bien encore juste devant vos batteurs avec les trappes qui révèlent des toys à basher. Bref, vous pouvez shooter partout, ça va forcément rencontrer quelque chose, cela crée une véritable dynamique au jeu et ça revient vite sur vos batteurs. Et ce qui est valable en simple bille l’est encore plus en phases de multiball.
Les multiballs sont d’ailleurs ce que les joueurs reprochent souvent aux flippers de JJP : ils les trouvent trop longs et trop fréquents. Du coup, ils perdent en saveur : tout le monde a en mémoire le multiball interminable du flipper Guns ‘n’ Roses qui en devient lassant voir pénible… Pourtant, ici, je n’ai pas eu ce ressenti. Même si les multiball ne sont pas rares, ils ne sont pas pour autant légion et il faudra même jouer du batteur pour aller les chercher. Ils sont agréables à jouer et s’intègrent correctement dans les phases de jeu ce qui donne à l’ensemble quelque chose d’équilibré.
De plus, ce flipper n’est pas une machine punitive. Même si l’on ne jouit pas de ball save, le plot central en outhole (réel élément de jeu et non un palliatif équivalent à deux petites roues sur un vélo) permet de sauver pas mal de bille si on sait l’utiliser, le kick back de l’outlane de gauche est souvent allumé, la distribution et la circulation de la bille sont très satisfaisantes. Votre véritable ennemie sera cette satanée outlane de gauche qui est particulièrement gourmande (la gourgandine !) et bon courage pour nudger car la bête pèse le poids d’un âne mort.
Les quêtes du code
« Si nous voulons réussir, nous devrons faire preuve de tact, de respect et d’une bonne dose de charme. C’est pourquoi vous devrez me laisser parler, moi !! »
Alors, moi j’aurais plutôt tendance à dire qu’il devrait fermer la plaque d’égout qui lui sert de bouche Gandalf le sans abris ! Déjà parce qu’on sent bien que l’hygiène n’est pas son point fort hein !? On se doute que les coins doivent pas être faits tout les jours ! C’est pas joli joli tout ça ! Pis surtout qu’il en devient vite énervant le rescapé de l’EHPAD avec son décompte 3, 2, 1 paf ! Pastèque !
Ah oui ! Au cas où vous n’auriez pas compris, on va s’attaquer au code là. Alors quand je dis attaquer c’est pas une attaque à proprement parlé, c’est plutôt la figure de style que je vise là.
Alors là on fait dans le classique du flipper moderne : c’est un flipper à missions ou à quêtes. Dans le cas présent « quête » c’est plus classe et ça colle bien au thème comme le reste de guano collé dans les cheveux de Radagast. Mais si ! Le vieux tout moisi, qui élève des lapins de garenne mutants façon king size dans sa cabane altermondialiste au fond du jardin. Le pote à Gandalf ! Lui aussi aurait bien besoin d’un peu d’Elseve dans les cheveux à la place du reste de bukake.
Bon donc en gros l’objectif est simple (façon de parler) : vous devrez récolter 5 gemmes qui vous ouvriront les voies de l’Arkenstone et de ses mini wizard mode.
La gemme la plus simple à récupérer c’est celle de Smaug. Pour ce faire, il vous suffit d’épeler « LOCK » en faisant passer votre bille sur les rollover et d’aller verrouiller votre bille dans la rampe de droite (qui va sur la gauche en fait). Répétez l’opération 3 fois et vous pourrez déclencher le multiball.
Mon conseil de jeu : en début de partie, vous avez le choix entre différents skillshot. Les inlane, les drop target ou les rollover. Choisissez les rollover et avec votre lanceur, tout doucement, visez-les. Avec un peu d’entrainement vous réussirez à tous les allumer d’un coup. En un coup vous avez déjà la possibilité de locker votre première bille d’entrée de jeu. Ensuite, lockez votre deuxième bille, puis, déclenchez une mission ou le mode beast et lancez le multibille après. Cela vous donnera un avantage certain pour finir « facilement » vos missions.
Pour lancer une mission, il faut se référer au livre représenté par le mini écran en haut à droite du plateau. Qualifiez une mission soit avec les rampes, le vertical up kicker, les targets ou drop targets. Utilisez la rampe de gauche pour tourner les pages du livre et démarrez la mission avec la rampe de droite. Une fois votre mission terminée, vous obtiendrez une gemme.
Le mode beast en multiball est assez simple à terminer mais il faut rester sur ses gardes car la bille revient vite. Pour commencer ce mode, il vous suffit de laisser passer la bille dans les inlanes dont les inserts sont allumés et basher les pop-up sur le plateau. Vous en avez quatre en tout : l’araignée, le warg, l’orc et le gobelin. Une fois terminé, vous récupérez une gemme.
Allez, vous en êtes à la moitié ! Maintenant il vous faut faire du lancer de nain ! Noooon j’déconne ! Il vous faudra les collectionner (je ne sais pas si c’est mieux). Pour ce faire, vous devrez viser une fois dans les shoots et toutes les targets. Ce mode se fait assez naturellement sans forcément chercher à l’atteindre, surtout en multiball. Une fois votre collection Panini au complet, vous aurez une gemme.
Pour enfin atteindre le mini wizard mode arkenstone, vous devrez parcourir tout le chemin qui mène à Erebor en utilisant les spinners dans les orbites de droite et gauche. Au bout du chemin se trouve la dernière gemme.
Bon ça y est, vous avez vos cinq gemmes mais il vous reste une dernière étape pour accéder au mini wizard mode : visez les hole et vous partirez sur un des trois mini wizard modes (Into the fire, Barrel escape, Battle of five armies).
Pffffiioouuu ! C’est facile à dire mais pas si simple à réaliser ! Sur votre chemin de croix, vous aurez au moins pour vous un scoring qui score peu MAIS pas non plus frustrant. Si vous arrivez à quelques centaines de milliers c’est vraiment pas mal et si vous dépassez le million, c’est que vous avez au moins atteint une fois le mini wizard mode.
C’est peut-être parce que j’ai peur, et qu’il me donne du courage.
Oui, ce flipper m’a fait peur quand je l’ai découvert : un énorme widebody, certes magnifique mais lourd comme un tank et avec un plateau qui semble vide comme la tête d’une influenceuse de Dubaï. Dis comme comme ça, ça ne vend pas du rêve.
Pourtant, dès que l’on pose ses mains dessus, sa taille tient dans le creux de nos mains, sa beauté se révèle encore plus grande qu’au premier regard, la légerté du flow annihile son effet de masse et le plateau se tranforme en une plaine d’heroic fantaisie bientôt témoin de fabuleuses aventures.
A mon sens, il s’agit d’un des meilleurs JJP aux côtés du Toy Story 4. Alors allez-y foncez ! Courez vers l’aventure que vous propose cette formidable machine. Quand on cherche, on trouve généralement quelque chose, mais ce n’est pas toujours exactement à ce quoi on s’attendait. Ce fut ce qui se passa en l’occurence : j’ai eu encore plus de rêve qu’espéré !