Les meilleurs flippers des années 2010

Je sais ne sais pas si vous vous en souvenez, mais nous avons publié un article sur les meilleurs flippers de tous les temps. Nous nous étonnions ensemble de l’absence de machines récentes dans le classement. Ca s’explique, on ne va pas revenir dessus (tout est dans l’article), mais cela nous a donné un petit goût d’inachevé.

Alors nous voici partis pour recenser les meilleurs flippers récents, c’est-à-dire depuis 2010. On reviendra sur les raisons pour lesquelles nous mettons le curseur à cette date et pas avant.

Les 10 meilleurs pinballs depuis 2010

Fidèle à mes principes, je vous annonce direct la couleur, et après on parlera des nuances, on justifiera nos choix. Nous renonçons à les classer, nous les recensons par année de sortie et c’est déjà pas mal :

  • Tron legacy – Stern – 2011
  • Metallica Master of Puppets – Stern – 2013
  • Wizard of Oz – JJP – 2013
  • The Big Lebowski – Dutch Pinball – 2016
  • Ghostbusters – Stern – 2016
  • Total Nuclear Annihilation – Spooky Pinball – 2017
  • Pirates of the Caribbean – JJP – 2018
  • Iron Maiden : legacy of the beast – Stern – 2018
  • Deadpool – Stern – 2018
  • Jurassic Park – Stern – 2019
Un morceau du plateau de Ghostbusters

Pourquoi 2010 et pas 2000 ?

Excellente question, cher lecteur, chère lectrice ! On peut résumer l’histoire du flipper ainsi : au début, ils étaient mécaniques, ensuite électromécaniques, puis enfin électroniques. Fin des années 1990, ils sont passés à deux doigts de faire partie de l’histoire à l’instar de la longue vue, du téléphone à cadran, des voitures à manivelle… Bref, de devenir des objets de collection d’autant plus rares qu’il n’y en avait pas de nouveaux commercialisés.

Stern Pinball fut le seul (je simplifie, ne chipotez pas !) à maintenir une production dans les années 2000. D’ailleurs, son fondateur Gary comprit le virage qu’il fallait prendre pour passer d’une clientèle d’exploitants à celle de particuliers.

Mais alors, pourquoi 2010 ? Parce qu’une nouvelle ère s’est ouverte aux débuts de cette décennie-là, avec l’arrivée de nouveaux fabricants: American Pinball, Spooky Pinball, Jersey Jack Pinball, pour ne citer que les principaux.

Le monde pinballistique dans lequel nous vivons s’est forgé il y a plus de 10 ans, avec ce renouveau de la concurrence. Ce fut le signe que le secteur du flipper n’était pas mort, et qu’il allait se renouveler définitivement en séduisant une clientèle réduite mais ayant le pouvoir d’achat suffisant pour se payer une machine neuve à domicile (et lui trouver une place, ce qui est encore plus difficile). Finis les ados dans les salles d’arcade, bienvenus les cadres et professions libérales !

Donc voilà pourquoi 2010 et pas 2000. On fera peut-être un article sur les flip’s des années 2000, mais j’en doute. Honnêtement, peu d’entre eux tirent leur épingle du jeu, c’était une bien sombre époque…

Comment établir le classement des flippers ?

Avec beaucoup de mauvaise foi et de parti pris bien sûr ! Comment voulez-vous mettre d’accord une équipe de rédaction dont les goûts sont aussi disparates ? Impossible !

Plus sérieusement, nous avons essayé de confronter nos avis avec des sources externes :

  • Le Top 100 de Pinside, expurgé des machines antérieures à 2010
  • Un sondage de pinside dédié aux pinballs de la décennie en question
  • Un peu de flipjuke pour faire bonne mesure

A une exception près, vous retrouverez les machines que nous avons retenues dans ces classements. L’inverse n’est pas vrai : nous n’avons pas retenu 100% des machines les mieux notées dans ces listes.

Car un autre critère a joué : l’originalité, l’innovation qu’ont apportées les machines, même si certaines ont des défauts que beaucoup trouveront rédhibitoires.

Ah, et on exclut d’office les remakes. On les aime, ces petites merveilles de Chicago Gaming, mais une grande part de leur succès tient aux modèles originaux, donc ce serait de la triche.

Wizard of Oz, le champion

Nous n’avons pas classé les flippers, mais si ça avait été le cas, Wizard of Oz aurait été le N°1. Tout d’abord, il est élu loin devant les autres dans le sondage pinside (mais pas dans le top 100, bizarrement).

Mais aussi, ce fut la première machine de JJP, qui annonce alors la couleur : Jack le fondateur n’a pas monté sa boîte pour s’amuser avec des petits prototypes tout bancales. Et il connaît son affaire côté technique : WoZ bazarde les ampoules antédiluviennes pour mettre des LED à la place, et accueille le premier écran LCD de l’histoire du flip’. De plus, on ne se parle pas d’un minuscule LCD, mais d’une dalle qui occupe quasiment toute la largeur du fronton ! Encore aujourd’hui, cette particularité en fait un flipper reconnaissable de loin.

Et ce plateau, les Pinheads, ce plateau… Honnêtement, il est tellement bourré de toys qu’on dirait un des flippers virtuels de Zen Studios.

Le seul reproche qu’on peut adresser à Wizard of Oz, c’est la lenteur de la bille. La « touch » JJP annonce un jeu plus posé, plus dans le contrôle que dans la réactivité. La rapidité représente la marque de fabrique de Stern, dont on apprécie les batteurs pêchus et les shots qui renvoient la bille à 10 000km/h. Jersey Jack Pinball a pris le contrepied de ce point de vue.

A vous de voir si vous accrochez ou non, mais dans tous les cas cette machine a fait date.

Pirates des Caraïbes, la 3ème production et la deuxième licence de JJP, a enfoncé le clou :

  • toujours un gigantesque écran LCD
  • son petit frère sur l’apron
  • un bateau qui roule de gauche à droite en guise d’upper playfield
  • une rampe en tourbillon

Rien à dire, de la belle ouvrage.

Stern, sans surprise, très présent sur le podium

6 flippers sur les 10 retenus viennent de chez Stern. C’est un minimum syndical pour le leader incontesté du secteur. Et si ce classement devait respecter les volumes produits sur la décennie, il devrait y en avoir 9. Mais bon, on aime varier les plaisirs.

Parmi ces 6 machines, 3 représentent à mes yeux la quintessence du constructeur : Iron Maiden, Deadpool, Metallica. Comment définir cette quintessence ? Du fun immédiat, sans prise de tête avec des objectifs limpides et un plateau sympa, sans être ulra original ni bourré de toys. Un zeste de respect de l’univers pour relever le tout, et on a fait le tour.

E-FFI-CA-CI-TE.

Voilà du matos conçu pour des exploitants qui auraient été ravis d’exister encore pour les placer dans les bars et les salles de jeux… Je suis cynique, pardonnez-moi, les survivants.

Jurassic Park et Ghostbusters, les codes profonds

Et de temps en temps, Stern nous sort des flippers où il faut avoir 3 ans devant soi pour réussir à scorer. Le plateau est alors un peu plus riche, les rampes plus biscornues, mais surtout le code devient profond comme la fosse des Mariannes.

Jurassic Park (pas dans sa version Pin, attention ne vous trompez pas) est l’archétype de ces pinballs imaginés pour rester scotchés dans votre salon. Ghostbusters, un peu moins plébiscité mais pourtant dans la même veine, creuse le sillon. La différence d’appréciation repose probablement plus sur le thème que sur le gameplay. Même si le DMD rouge est particulièrement dégueu sur le GB et si le stroboscope est une technique honteuse pour écourter les multibilles. Je l’avoue, je ne peux pas m’empêcher de troller sur le flip’ préféré de Lazarus.

La jungle du Jurassique

Mais que fait Tron Legacy dans ce classement ?

Le dernier Stern est Tron, tiré du film « reboot » de 2010. Nous l’avons sélectionné car il marque probablement l’entrée dans l’ère du flipper moderne.

Sorti en 2011, Tron sort du lot par ses jeux de lumières, magnifiés par les néons multicolores qui ornent ses rampes. Elles sont en plastique, certes, mais le matériau colle avec le thème. Donc on ne peut pas reprocher cet écart à John Borg, le designer.

Ajoutez-y la bande-son du film composée par Daft Punk, et vous avez là un vrai flipper d’ambiance, qui se démarque par sa cohérence plus que par sa générosité sur le plateau.

Tout pour le light show !

L’outsider : The Big Lebowski

Comme nous le disions au début de cet article, les années 2010 voient émerger des concurrents de tous poils. Certains feront à peine un titre et souffriront pour honorer leurs commandes. D’autres gagneront des galons à chaque nouvelle sortie, lentement mais sûrement.

Dutch Pinball aura frappé un grand coup avec son Big Lebowski en 2016. Un flipper avec un upper playfield ET un lower playfield est une originalité. La bande-son en ferait presque un flip’ de musique tellement la B.O. du film s’appuie sur des hits. Et pour finir, une tonne de séquences du film garantit l’immersion.

En revanche, accrochez-vous pour mettre la main dessus ! La première version a été produite à moins de 100 exemplaires. La seconde est en production depuis 2019, à un rythme que je ne saurais vous décrire.

Dutch Pinball est représentatif de cette nouvelle ère : le marché devient à nouveau attractif pour des investisseurs et passionnés. Ces aventuriers pensent, à juste titre à mon avis, que si leur machine est bonne, elle se vendra. Le risque est plus dans la logistique et la production que dans la commercialisation, une fois n’est pas coutume. Les Hollandais n’ont à ce jour produit que deux machines et pour l’instant rien ne dit qu’une troisième est en préparation.

D’ailleurs, nous avons hésité à mettre ce flip’ dans le classement : Dutch Pinball a sérieusement galéré à produire ses machines, et il fallu s’armer de patience pour obtenir un code décent.

De plus, les méthodes pour éviter la banqueroute au constructeur furent compréhensibles, mais particulièrement désagréables pour les foufous qui avaient fait des précommandes. En effet, afin de faire rentrer du cash, le constructeur n’a pas livré les premiers acheteurs qui avaient avancé des ronds, mais des clients plus récents. De plus, les « early adopters » n’ont finalement pas reçu leurs machines au prix convenu initialement. Le tarif avait en effet été revu à la hausse entretemps.

Total Nuclear Annihilation : l’avènement d’un petit fabricant, mais costaud

Dans les p’tits nouveaux, finissons par Spooky Pinball et son Total Nuclear Annihilation. Voici une famille qui n’a pas peur de jouer dans la cour des grands, et qui, mine de rien, a produit plus de machines différentes que JJP ! Certes, il faudra attendre 2021 pour les voir annoncer des volumes dignes des acteurs les plus importants. Mais tout de même, leur parcours force le respect.

Total Nuclear Annihilation surprend par son design « à plat », sans aucune rampe. Le thème n’est pas sans rappeler des machines de Bally/Williams comme Space Station. Voix métallique, bruits « de l’espace », synthé à fond…

Mais où sont les rampes ???

D’ailleurs, toute l’ambiance tient au son puissant, qui accentue les basses pour remuer les tripes. Cette machine est une vraie prise de risque, sans licence. Elle montre la capacité de la famille Emery à sortir des sentiers battus. Et avec succès, les bougres.

Et mon flipper préféré, il est où ?

Choisir, c’est renoncer, les Pinheads. Donc bien sûr que nous avons fait des impasses dans ce classement. On nous reprochera peut-être l’absence de Dialed In par exemple, mais nous l’avons fait sciemment : il s’agit de notre point de vue de la plus mauvaise production de Pat Lawlor, son designer. Même si un mauvais Lawlor, ça vaut parfois le meilleur d’un autre concepteur…

Rendez-vous bientôt pour un article sur les meilleurs flippers depuis 2020 !

Nick_O
Nick_Ohttps://pinballmag.fr
Collector of friends who have pinball collections.

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