« Ah làlà, les flippers sont de plus en plus chers, c’est triste cette course au profit au détriment des joueurs ». Ca on le sait bien parce que tout le monde le répète (et nous aussi) à longueur de temps.
Mais alors, comment accueillir ce flipper « Pin » créé par Stern Pinball ? En deux mots, il s’agit d’une version « allégée » d’un des flippers récents les plus appréciés. Un prix plus light, un contenu aussi, voici le principe de ce format. L’équation propose-t-elle un deal intéressant pour les Pinheads moins fortunés ? Ou s’agit-il d’une grosse arnaque qui doit nous tirer des larmes de rage ? Essayons d’y voir clair.
Sommaire
- 1 Le deuxième ou quatrième « Pin » de Stern
- 2 Le format Home Edition pour des économies d’échelle
- 3 Une cure d’amaigrissement côté prix
- 4 Deadflip, du pinfluencer au designer
- 5 Le plateau du Jurassic Park Pin, plus qu’une version dépouillée du Pro
- 6 La quintessence d’un flipper
- 7 Juger ce Home edition au regard de son ambition
- 8 Un code trop léger ?
- 9 Un écran LCD minuscule
- 10 Pas de Stern insider connected
- 11 La « mauvaise » surprise ?
- 12 Conclusion : une bonne petite machine pour les casuals
Le deuxième ou quatrième « Pin » de Stern
Ce format « Home edition » (autre nom du Pin) n’est pas le premier du genre. Stern s’est tout d’abord cherché en proposant des flippers Spiderman et Transformers aux deux tiers de la taille standard d’une machine. Il s’est finalement contenté de réduire celle du fronton d’une vingtaine de centimètres pour son troisième essai : Star Wars Home Edition aka Star Wars Pin.
Ce Jurassic Park hérite de cet historique et de dimensions qui le rapprochent plus de Star Wars que de Spiderman. Tant mieux pour nous, car si la taille de la backglass est une affaire de goût et de hauteur sous plafond, celle du plateau change complètement le jeu. Je paraphrase donc mon collègue Paris_Pinball_addict en déclarant « un playfield peut être plus grand, mais certainement pas plus petit. Widebody ruuuuuuules ! »
Le format Home Edition pour des économies d’échelle
Au-delà de la pertinence des « Pin » pour varier le profil de la clientèle, Stern agit également en industriel averti avec ce format : un Pin partage une partie de ses pièces avec son grand frère. Il peut par exemple s’agir de slingshots ou d’éléments mécaniques moins visibles car sous le plateau. Pour Jurassic Park en particulier, les spinners et les cibles semblent correspondre. Les machines commercialisées en 2019 étant toujours sur les lignes de production, Stern fait d’une pierre deux coups en produisant ensemble Pro, Premium, Limited Edition et Pin. Du moins en partie.
De plus, une licence telle que Star Wars ou Jurassic Park coûte cher, donc l’exploiter sur plusieurs éditions la rentabilise.
Une cure d’amaigrissement côté prix
Tout l’enjeu de ce format est de réduire le prix facial du flipper. Du coup, la promesse est-elle tenue ? Le prix américain (avant import et taxe) s’affiche à 4 599$. Un mois avant, Godzilla se commercialisait à 6 899$ dans sa version Pro, 8 999$ pour sa version Premium et 10 499$ en Limited Edition. Ma calculette de la NASA m’indique donc une réduction du prix de 33% par rapport à la version Pro et 56% par rapport à l’édition limitée.
Rien à redire, l’effort tarifaire est au rendez-vous. A noter que le prix du Jurassik Park Pin est le même que celui du Star Wars Pin, alors que 2 ans les séparent. Dans le même temps, les Pro, Premium et LE ont pris au moins 15%.
Maintenant, la question est de savoir si le plateau du Pin nous en donne pour notre argent.
Deadflip, du pinfluencer au designer
Avant d’aborder le contenu du playfield, notons que Jack Danger, aka Deadflip, est crédité au lead design. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Jack est à la base un youtuber qui s’est fait une chouette petite place au soleil : il anime tous les « reveals » de Stern, sans contrat d’exclusivité ! La preuve, Spooky Pinball a également fait appel à lui pour la première démonstration d’Ultraman et Halloween.
Il s’agit d’un conte de fée pour Deadflip, qui passe de fan à influenceur, et d’influenceur à concepteur. Certes, les esprits chagrins rappelleront qu’il s’agit de simplifier le design d’un flipper déjà existant, ce qui doit être autrement plus facile que de partir d’une feuille blanche. Néanmoins, les commentateurs du monde du flip’ que nous sommes chez Pinball Mag. bavent d’envie !
Le plateau du Jurassic Park Pin, plus qu’une version dépouillée du Pro
Certes le thème, l’artwork, et la tête de T-Rex font furieusement penser à une version du pauvre. Mais ce serait un raccourci facile et qui ne rendrait pas justice à cette nouvelle machine. Le fait que le designer ait changé prouve que l’ambition n’est pas seulement de dépouiller un plateau pour répondre brutalement au cahier des charges. Les mécaniques ont été repensées. Faisons le tour du playfield.
En premier lieu, les rampes perdent le côté tarabiscoté qu’affectionne tant Keith Elwin (le concepteur des Pro, Premium et LE). Mais on en gagne une qui parcourt le fond du plateau. Et elle fait faire un saut à la bille ! On ne voit pas ça sur toutes les machines.
Ensuite, la tête de T-Rex est toujours présente mais ne bouge plus comme sur les Premium et LE. Elle se contente de restituer les billes lors des multiballs en ouvrant la mâchoire. Et c’est tout pour les toys. Plus de petite voiture, ni de cabane traversée par les rampes.
Deux bumpers en fond de plateau sont servis par 3 lanes des plus classiques, avec un voyant à déplacer avec les boutons pour doubler les bonus. Ultra classique.
La quintessence d’un flipper
Pour résumer l’esprit de ce plateau, il s’agit d’un condensé de ce qu’un flipper doit être, sans rien y ajouter. Deux rampes, dont une originale. Un toy, un seul, mais qui assoit l’identité de la machine. Si le flow est bon, et nous n’avons pas de raison d’en douter, l’objectif sera rempli.
L’objectif, d’ailleurs, ne conviendra pas à tout le monde. Beaucoup d’entre nous passeront leur chemin en déplorant que ce plateau ait si peu à offrir. Quand on a touché aux machines initiales, quand on recherche une machine généreuse, la comparaison ne peut pas être flatteuse.
Juger ce Home edition au regard de son ambition
De notre point de vue, il faut juger une machine à l’aune du but poursuivis par ses concepteurs. Nous devons nous demander si ce flipper aura le caractère familial que Stern lui prête.
Et, à ce stade, c’est-à-dire sans avoir posé nos mains dessus, ce pinball fait le job. Par son thème, tout d’abord. Quoi de mieux que des dinos pour rassembler un foyer ? Et par sa simplicité apparente ensuite.
Si les Jurassic Park initiaux sont quasi unanimement appréciés par la communauté, force est de reconnaître que les mécaniques de jeux ne s’appréhendent pas facilement. Sur Deadpool, sur Medieval Madness, l’objectif est évident. Une partie suffit pour saisir ce qui est attendu de nous. On ne peut pas en dire autant des JP de 2019. La bête doit être domptée, le code est profond.
Ouuh la belle transition avec le sujet suivant !
Un code trop léger ?
Sur les Pins précédents, on pouvait reprocher un code simple, voir simpliste : peu de quêtes, pas ou peu de wizard modes ou de mini wizard modes. L’édition Star Wars, donc le 3ème Pin, avait élevé le niveau de jeu par rapport à ses prédécesseurs.
Il semble que Stern, sous la houlette de Jack Danger, ait voulu passer encore un cap. On évoque deux wizards modes par exemple. Cela va-t-il suffire ? A voir sur la durée, mais la bonne nouvelle est que le fabricant pourra y remédier via une mise à jour, s’il le souhaite (sous-entendu si la communauté le harcèle pour que cela soit le cas).
Sur le code comme sur le plateau, notons tout de même que les « moins » restent cohérents avec le concept. Les non-initiés du flip’ ne percevront a priori pas ce bémol.
Un écran LCD minuscule
Un point reste à nos yeux incompréhensible, surtout en comparaison de l’attention portée au reste de la machine : le Pin est affublé d’un écran LCD ridiculement petit, qui paraît étriqué entre les deux haut-parleurs.
Le coût d’un écran LCD est anecdotique dans le prix de revient d’un pinball. Ce choix laisse à penser à un mauvais arbitrage en interne. Cela dit, le joueur a souvent les yeux rivés sur le plateau, donc ce malus ne gênera pas tout le monde.
Pas de Stern insider connected
Sans surprise, le module Stern insider n’est pas inclus. Cette fonction permet au joueur de se connecter via un QR code, d’enregistrer ses scores et de relever des défis proposés par Stern et plus tard par des exploitants. De plus, la documentation n’annonce même pas de compatibilité en option.
J’écris « sans surprise » car ce module ajoute au coût de fabrication, alors même que son usage n’est pas encore installé. N’oublions pas que la fonctionnalité a été annoncée deux mois avant la sortie du Jurassic Park Pin, et que seuls les Godzillas en ont bénéficié « de série » depuis.
Il s’agira peut-être d’un « must-have » dans quelques années. Pour l’instant il s’agit d’un pari de la part du constructeur. Or, le hasard n’a pas sa place sur une machine qui ambitionne d’être un condensé de bonnes pratiques.
D’un autre côté, les défis en ligne auraient pu accroître l’intérêt du jeu à peu de frais. On pourrait même dire que le Stern insider est plus pertinent sur un code léger que sur un code déjà profond. Essorer un Godzilla ou un Elvira’s House of Horrors demande déjà des mois en ayant du skill ! Autant dire que les challenges en ligne ne sont pas de première nécessité. Sur un Pin en revanche…
La « mauvaise » surprise ?
Quelques semaines après le lancement commercial, Jack Danger a publié la photo ci-dessous.
Si vous avez déjà soulevé un plateau de flipper, quelques chose devrait vous choquer…
C’est de l’aggloméré, façon étagère IKEA ! On peut vous le certifier, un plateau « classique » n’est pas constitué d’aggloméré, mais de contreplaqué.
C’est peut-être un détail pour vous, mais pour un Pinhead cette différence veut dire beaucoup : de la qualité du plateau dépend sa longévité, sa capacité à ne pas gondoler, et à résister aux inévitables vissages et dévissages des éléments mécaniques et électriques.
Pour le coup, on aimerait bien être rassurés. Un flipper moins cher car moins fourni en toys est un deal valable ; un flipper moins cher car son obsolescence est programmée, ce n’est pas entendable.
Conclusion : une bonne petite machine pour les casuals
Vous avez remarqué que mes articles sont 2 fois moins longs que ceux de Lazarus ? J’ai beau faire tout ce que je peux, je n’arrive pas à utiliser autant de mots, je dois avoir un limitateur quelque part dans mon cortex.
Du coup, je rallonge la sauce avec des conclusions. Mais comme lors de mes rédactions au lycée, je suis nul dans l’exercice.
Donc, comment conclure ? Hum… Ce Jurassic Park Pin est bien parti pour gagner son pari : proposer une machine moins chère, adaptée à toute la famille. Jack Danger a conservé le plus important, et s’est débarrassé de tout le reste. Si le code tient la route, nous avons sous les yeux le modèle à reproduire pour les futurs Pins. Si, et seulement si, ce plateau a une meilleure durée de vie qu’une étagère Billy de chez IKEA.
J’ai bon ? C’est suffisant ?