La Pinball Expo est l’évènement le plus ancien dédié à notre passion, le flipper. Cette année, s’est tenue sa 38ème édition, du 19 au 22 octobre 2022. Je suis ravi d’avoir eu la chance d’y participer, heureux de vous partager ce que j’en ai retenu, via la publication de mon premier article pour Pinball Mag.
Prenant place dans les environs de Chicago, terre nourricière d’où est issue la grande majorité de nos machines adorées, la Pinball Expo attire des professionnels de l’industrie du flipper, des joueurs, des collectionneurs et des passionnés du monde entier.
Cet évènement incontournable est organisé depuis sa première édition en 1985 par le non moins incontournable Rob Berk, que l’on peut croiser sur le salon, lui et ses nombreuses machines sélectionnées parmi les 1200 machines de sa collection, dixit l’une de ses filles avec qui j’ai eu l’occasion de discuter.
Je partage ici ma vision toute personnelle de ce que je retiens particulièrement de ce salon. L’avis que je me permets de donner est un avis personnel, de joueur non professionnel, qui découvre des machines dans une condition physique dégradée par le jetlag, le manque de sommeil, et des réflexes diminués (low score pinball wizard ®).
Sommaire
Stern Pinball
A l’image de sa domination du marché du flipper, Stern Pinball occupait naturellement le plus grand espace du salon : des machines nombreuses, un comptoir de vente de merchandising et une estrade occupée notamment lors des Drinks with Jack (qui se sont étonnamment tenus sans Jack).
Les flippers Mandalorian présents étaient coiffés de leur superbe topper officiel, dont le teasing a été fait la veille sur la chaîne Youtube de Stern Pinball. C’est un bel objet, bien plus recherché techniquement que la plupart des toppers officiels récents.
Mais ma principale attente était bien sûr de tester le nouveau flipper, le 007 ! Au moment où j’écris ces lignes nous n’avons pas encore eu l’occasion de mettre les mains dessus en France.
Etaient présentes une dizaine de machines, pour moitié des version Pro, pour moitié des versions Premium. C’était naturellement la machine la plus représentée du stand et je ne me souviens pas en avoir vu une seule inoccupée, c’est dire l’attente qu’elle suscite.
Esthétiquement, pas de grande surprise : en vrai le flipper ne m’a semblé ni plus beau ni plus laid que ce que j’avais pu voir sur Internet. Je trouve la version Pro très clivante avec son jaune flashy et son Dr No écrit en gros. Je trouve la version Premium plus réussie, sans pour autant me transcender. Pour l’un comme pour l’autre, le dessin n’est pas le même des deux côtés de la caisse, le side droit me semble plus réussi, à prendre en compte dans l’aménagement dans une gameroom.
Les flippers avaient le son suffisamment fort, et bien que les conditions de ce type d’évènement ne soient pas propices à bien l’entendre, j’ai apprécié l’ambiance sonore car elle m’a rappelé de bons souvenirs de jeunesse sur cette franchise que j’avais délaissée depuis longtemps. Voilà qui m’a donné envie de revoir les films !
J’ai naturellement surtout joué à la version Premium, afin de me donner la possibilité de tester toutes les fonctionnalités du jeu.
Sans toutefois parvenir à rivaliser avec des références de flow, il y a des enchaînements satisfaisants. La présence d’un troisième batteur, de plus en plus fréquente sur les flippers actuels, apporte une réelle plus-value prenant le relai sur les batteurs inférieurs : il permet de prendre l’une des deux rampes centrales, ou de passer dans le couloir arrondi desservant le MI6 du haut du plateau ainsi que les bumpers juste en-dessous.
Le toy de l’Aston Martin, avec l’éjection de la bille, est très sympa. Le tir du lock missile (physique avec une rampe spécifique sur le Premium) n’est pas si simple, tout comme celui de la rampe jet pack. Les retours de rampes sont compliqués avec des outlanes un chouia méchantes. Sur certains aspects ce flipper m’a rappelé le Turtles.
Dans l’ensemble ça reste un jeu que je qualifierais de prometteur, car le code est visiblement loin d’être terminé. D’ailleurs une mise à jour a été faite pour neutraliser le jet pack (spécifique à la version Premium), ce qui ne nous a pas permis de le tester. Pour autant je ne pense pas qu’il faille s’en inquiéter, les bases d’un bon jeu sont posées, il faut juste encore un peu de temps à Stern pour le perfectionner. Leur compétence pour y parvenir n’est plus à prouver.
Pinball Brothers
La nouveauté Pinball Brothers était bien sûr le Queen. Le premier jour seule une version Rhapsody Edition était présente, mais elle a été rejointe par une version Champions Edition dès le deuxième jour.
Esthétiquement je dois dire que ce fut une agréable surprise : je l’ai trouvé plus beau que ce que j’avais retenu des clichés vus sur Internet ! Certes la caisse reste sobre et le translite n’est pas fou, mais le plateau est réussi. Sa déco, les sides illuminés (sur le Rhapsody Edition), le second plateau en forme de guitare… Franchement bien.
En terme de jeu, les conditions d’essai n’étaient pas optimales dans la mesure où on ne pouvait engager qu’un seul joueur par partie, et avec seulement 2 billes. Avec des gens qui font la queue, on n’a pas forcément envie de refaire la queue immédiatement pour une autre partie, donc je n’y aurai joué que 2 autres parties, plus tard pendant le salon.
A l’instar du dernier Stern, il semble que ce dernier Pinball Brothers nécessite encore quelques efforts de finalisation pour atteindre sa pleine maturité : les deux flippers présents, particulièrement le Champions Edition étaient souvent ouverts et indisponibles.
Jersey Jack Pinball
Les 7 machines produites par JJP à ce jour étaient présentes sur le salon.
Pas de grande surprise pour ma part, d’autant que le dernier, Toy Story 4, avait été présenté en France à diverses occasions notamment lors de l’événement couvert par Pinball Mag. chez Loisirs & Technique.
Les JJP sont de belles machines : la décoration de caisse et de plateau, les éclairages nombreux et recherchés, l’écran géant, la présence de toys en quantité et en qualité sont des caractéristiques qui concourent à donner un effet waouh avant même de poser les mains sur la machine.
A noter tout de même que c’était la première fois que je voyais un Toy Story 4 dans sa livrée Collector Edition, de même pour le Guns’n Roses. Au-delà de leur topper et d’éléments de caisse spécifiques par rapport aux autres versions, leur jeu de lumière est bluffant, JJP annonce plus de 450 LEDs RGB individuellement contrôlées sur le Toy Story 4 CE et plus de 600 sur le GnR CE.
De JJP je retiendrai surtout la fantastique visite d’usine au programme de cette Pinball Expo, où nous avons été accueillis par Jack Guarnieri, en présence de collaborateurs de JJP, parmi lesquels Ken Cromwell (marketing & communication), Steve Richie (qu’on ne présente plus, et dont il me tarde beaucoup de savoir quelle sera la première machine issue de sa collaboration avec JJP).
Nous avons également aperçu Pat Lawlor lors de la visite. J’aurai plaisir à recroiser ces deux game designers mythiques plus tard à la Pinball Expo. Bien qu’ayant tous deux plus de 70 ans, ils semblent encore bien actifs, ce qui n’est pas pour nous déplaire.
American Pinball
Très accueillant, le stand American Pinball proposait chacune de ses 4 machines en plusieurs exemplaires.
Personnellement je n’avais eu l’occasion de tester que le Hot Wheels, cela a été l’occasion de tester le Houdini, le Oktoberfest et, surtout, le dernier arrivé le Legends of Valhalla.
J’aime le Legends of Valhalla pour le côté viril de son thème, son ambiance, et sa musique. Les règles pour scorer ne m’ont pas semblé intuitives, comme c’est relativement souvent le cas pour les flippers récemment sortis. Ils offrent de plus en plus de complexité pour satisfaire l’usage domestique des pinheads exigeants que nous sommes.
Je n’ai pas vu de fonctionnalité impressionnante comme celle du Houdini où la bille est projetée à une cinquantaine de centimètres dans un coffre (quid du vieillissement de celle-ci cela étant ?).
Le flow est intéressant, il y a beaucoup de tirs différents. Comme pour le Queen j’espère avoir l’occasion d’y rejouer plus longuement à d’autres occasions pour me faire une idée plus arrêtée.
Chicago Gaming Company
L’alignement proposé par le stand CGC comportait 9 Cactus Canyon, 1 Medieval Madness et 1 Monster Bash.
C’était pour ma part la première fois que j’avais l’occasion de tester les versions remake de ces machines mythiques, j’étais donc ravi de pouvoir le faire.
Force est de constater, que ces versions remake sont… Fidèles ! Elles répondent donc parfaitement aux attentes que j’en avais. Quel bonheur d’enchainer des parties sur des machines neuves, dont les versions originales, qui ont une trentaine d’années, sont souvent fatiguées quand on a l’occasion de les essayer.
La star de l’alignement CGC était bien entendu le Cactus Canyon. Je me suis un peu plus attardé sur ce modèle.
Toutes les machines étaient des Special Edition, dont deux étaient équipées du très beau topper.
Pour ceux qui ne connaissent pas la machine je vous renvoie vers l’article, duquel il est important de retenir que le Cactus Canyon original est le dernier flipper DOT de l’ère Bally/Williams, tiré à bien peu d’exemplaires, et avec un code… Non finalisé.
En ce qu’il s’agit de la version remake, j’ai beaucoup aimé :
- Les effets de lumière : il n’y a pas à dire, avec l’éclairage RGB le progrès a du bon…
- L’écran couleur 19¼”, qui offre des cinématiques réussies tout en respectant l’esprit DOT. A noter que sur sa 4ème machine, CGC ne propose pas de déclinaison Classic Edition avec l’écran monochrome 13⅞.
- Les toys, magnifiés : Bart le cowboy, le train, la mine …
- L’ambiance sonore : la qualité du son, des effets sonores et de la musique (d’autant que je suis fan de western)
- L’apron avec les pistolets
Dans ces conditions d’essai, je n’ai pas trouvé de véritable point négatif. En voyant les rampes en plastique je me suis souvenu de ma déception lors de la sortie du Mandalorian Pro mais c’est moins gênant sur le Cactus Canyon car aucune rampe en plastique ne passe par le centre du plateau. Et puis le Cactus Canyon original était ainsi, l’idée est quand même d’être fidèle.
Concernant le niveau de finition du code j’aurais du mal à m’exprimer car le seul Cactus Canyon original que j’ai eu l’occasion de tester était doté d’un code non original, probablement le « Cactus Canyon Continued » d’Eric Priepkes mais sans certitude. En tout cas l’essai ne m’a pas permis de déceler de bug ou de manques dans le code.
Pour ma part, c’est maintenant certain que si je devais acheter l’une de ces machines mythiques, à prix grosso modo équivalent je me tournerais plutôt vers les versions CGC que vers les versions originales : les remakes proposent un plaisir de jeu supérieur tout en conservant le toucher de bille original.
Spooky Pinball
Je n’y vais pas par quatre chemins, j’ai beaucoup aimé le stand Spooky Pinball.
Un stand tenu par deux jeunes dont la bonne humeur était particulièrement communicative, plein de goodies (casquettes, bonnets, t-shirts…) et, bien que les machines n’étaient pas nombreuses, les plus récentes étaient là : l’Halloween et le Ultraman.
Pour ma part avant ce voyage j’avais une très faible connaissance de Spooky Pinball, je n’avais testé que le Total Nuclear Annihilation. J’ai donc enchainé quelques parties sur le Ultraman et je dois avouer que j’ai été emballé.
Il y a beaucoup de leds RGB, notamment des bandeaux qui délimitent et mettent en valeur les trois plateaux de jeux, ce qui, en plus d’accentuer le relief et l’effet de profondeur du jeu, contribue à une ambiance lumineuse très réussie.
L’esthétique des deux flippers n’est pas en reste, Spooky Pinball a fait appel à des artistes spécialistes de la thématique de chacune des deux machines :
- Jason Edminston pour l’Halloween : peintre, illustrateur, designer notamment connu dans le monde des films d’horreur des années 80
- Matt Frank pour le Ultraman : également dessinateur et scénariste de comics américain, c’est un illustrateur connu dans le monde des Kaijū (films japonais avec des monstres géants) et particulièrement Godzilla
Le gameplay est très sympa, il y a beaucoup de flow.
A noter les retours de bille depuis les scoops, plutôt originaux : la bille réapparait dans une inlane, sans qu’on la voie réapparaitre car masquée par la décoration plexi posée au-dessus de l’inlane (qui ne fait qu’une avec celle du slingshot) ! Quelques secondes avant l’arrivée de la bille, l’inlane concernée clignote pour prévenir le joueur qu’il doit s’attendre à réceptionner la bille à cet endroit. J’ai trouvé ça inhabituel.
Le fait d’avoir deux machines basées sur le même design de plateau est plutôt futé industriellement, car diminue drastiquement les coûts de design, mais je trouve que c’est également une bonne chose pour les pinheads que nous sommes. En effet, pour ma part, le thème (tout comme le gameplay et l’esthétique) est un critère dans l’achat d’une nouvelle machine. La seule chose que m’évoque Ultraman (pardonnez-moi mon inculture) c’est d’avoir été l’un des pires jeux vidéo de la Super Nintendo, ma console de jeux fétiche. Par conséquent en cas d’achat je serai très content d’avoir une alternative.
P3 Multimorphic
Même si en matière de flipper je suis davantage tourné vers les modèles actuels que vers les modèles anciens, je reste néanmoins plutôt insensible à l’alternative des pincab (peut-être parce-que je n’ai pas testé les plus haut de gamme). Pour autant je dois avouer que j’ai été enthousiasmé par le produit proposé par P3 Multimorphic, qui est à mes yeux une fusion réussie entre un flipper et un pincab.
Le plateau est occupé par un écran aux deux tiers inférieurs, par-dessus lequel se trouvent de vrais batteurs, de vrais slingshots, où circulent de vraies billes. Le tiers supérieur comporte une partie mécanique et hardware, propre au jeu et interchangeable.
Cela veut dire que l’on peut changer de jeu, comme sur une console de jeu, sans changer le flipper en entier. L’opération ne m’a pas été montrée sur le salon, mais elle ne prendrait que 5 minutes.
La décoration de caisse et de fronton est également interchangeable puisque collée magnétiquement. Les deux machines présentes sur le salon faisaient tourner le jeu Weird Al’s Museum of Natural Hilarity. L’une des deux avait la décoration du jeu (topper compris), l’autre avait la une décoration générique P3 Multimorphic.
Après essai ce produit me semble poser les bases de ce que pourrait être le flipper de demain.
Flippers customs
Au fond du salon une dizaine de machines homemade étaient alignées.
Parmi les jeux exposés, trônait un jeu qui a reçu plusieurs récompenses, notamment le trophée du meilleur custom en 2021 au Pinstatic Pinball & Game Room Expo : le Sonic the Hedgehog Spinball de Ryan McQuaid.
Les quelques parties jouées ont été très convaincantes tant l’intégration du thème est réussie ! Le plaisir de jeu est immense. Espérons que American Pinball, qui a embauché Ryan McQuaid cette année, se décide à industrialiser cette machine !
Pour un aperçu approfondi en vidéo, nous vous conseillons la vidéo de démonstration par le créateur du flipper Sonic Spinball.
Great American Pinball
Chez Great American Pinball, au-delà de la vente de flipper neuf, on répare, rénove, personnalise et vend tous types de flippers. Great American Pinball est basée à Chicago, a plus de 20 ans d’existence, et exposait sur son stand des machines absolument splendides.
Brian Allen
Je ne pouvais pas terminer cette sélection sans parler de cet artiste dont le talent m’a laissé bouche bée.
Brian Allen compte parmi ses clients des noms comme Stern Pinball mais aussi Metallica, Marvel, Harley Davidson, Activision, Hard Rock Cafe… Excusez du peu. Son style mêle et entremêle des créations claires et joyeuses et d’autres sombres et effrayantes. Le dessin est détaillé et coloré.
Sur ses dessins exposés en rapport avec le flipper je retiens le sublime Cactus Canyon, les très bons Monster Bash, Attack from Mars, TOTAN ou l’excellent medley Williams-Bally. Les créations sont achetables sous plusieurs formats, de l’impression sur support plastique, ou sur cadre avec éclairage par l’arrière, sur T-shirt…
De quoi reconsidérer la décoration de sa gameroom !
Je vous invite à découvrir le site internet de Brian Allen si vous ne le connaissez pas déjà.
Conclusion générale sur ce salon
Par rapport aux salons que j’ai pu visiter en France, je pense que les points positivement différenciants de cette Pinball Expo sont les suivants :
- La taille du salon démesurément américaine
- De nouvelles machines y sont souvent présentées en exclusivité mondiale
- Incroyable de croiser les grands noms du flipper comme Steve Richie, Pat Lawlor, Keith Elwin…
- Les horaires du salon, qui ferme à minuit voire 2h du matin le dernier jour
- Les visites d’usine, cette année en physique avec navette bus pour JJP, en virtuel pour Stern Pinball
- Les nombreuses conférences tenues par des acteurs du monde du flipper
- Les tournois organisés, les lots à gagner (exemple : 1 Stern 007 en version pro)
Le seul inconvénient est le prix : à 45$ la journée nous sommes sur un tarif très supérieur à ce qui se pratique sur nos salons français mais la prestation n’étant pas la même, la « pilule » passe bien, tellement bien que j’ai fait deux journées alors que je n’en avais prévu qu’une seule.
C’est malin, maintenant j’ai envie d’en faire d’autres, comme le Texas Pinball Festival…