Ca y est ! J’ai fini d’être un imposteur dans le monde pinballistique : je suis l’heureux propriétaire d’une Deadpool Premium, première machine dans ma gameroom. Pour la suite, on verra 🙂
Cela me donne l’occasion de combler un manque dans nos articles. Voici donc le test de ce flipper que nous avons classé parmi les 10 meilleurs pinballs des années 2010. Rapport au fait qu’il a été commercialisé en 2018.
Sommaire
- 1 Deadpool, l’anti-héros de Marvel
- 2 Deadpool : un flipper irrévérencieux ?
- 3 Zombie Yeti encore et toujours
- 4 Chimichangas au ver de terre
- 5 Des trajectoires inoubliables
- 6 Les toys, un cran en dessous
- 7 Le gameplay : du pur George Gomez
- 8 Les astuces pour scorer
- 9 Du plaisir à tous les étages !
- 10 Peu de différences entre Pro et Premium/LE
- 11 Un flipper amené à perdurer
Deadpool, l’anti-héros de Marvel
Si vous ne connaissez pas ce personnage, n’allez pas le comparer à Batman ou Superman. Il a été créé beaucoup plus récemment, en 1991, par Fabian Nicieza pour le compte des comics Marvel. En cela, il est le fruit de son temps : plus ambivalent, moins policé, et se jouant des codes du Comics, le média principal dans lequel il évolue.
Je vais vous épargner son histoire dans le détail, donc voici un résumé aussi violent que lui : Deadpool, alias Wade Wilson, est le fruit d’expérimentations sur un assassin cancéreux qui lui ont donné la capacité de se régénérer, mais en détruisant sa peau. Cela lui donne, quand il enlève le masque, l’apparence d’un lépreux ou d’un grand brûlé. Du coup, il est énervé et bastonne à peu près tout le monde, X-Men ou vilains, suivant ses désirs de vengeance ou ses missions de mercenaire. Dans les films, il rouste surtout des méchants, parce qu’il faut croire que le personnage principal d’un film ne peut pas être ambigu.
Son humour ferait rire Bigard s’il lisait des Comics, car on est dans de la grosse blague potache à tendance scato. Par ailleurs, il n’hésite pas à interpeller le lecteur, et en cela il fut un des premiers anti-héros à casser les conventions du genre.
Deadpool : un flipper irrévérencieux ?
Sur un tel terreau, Stern Pinball nous a-t-il concocté un univers aussi trash que le protagoniste ? Non, faut pas déconner non plus. Le niveau d’humour décalé est à peu près le même que dans les films, voir encore un cran en dessous. On est plus proche des blagues d’un enfant polisson que de celles d’un mercenaire ultra violent.
Concrètement les callouts sont de l’ordre de « héhéhé, j’ai dit boules » et « ça doit être dur de perdre tout le temps ». Les animations font intervenir entre autres une licorne attardée et morveuse lors des ball saved et extra ball, un Deadpool jouant à un flipper ressemblant furieusement à la caisse de l’édition limitée, ou qui se fait arracher des bras qui repoussent ensuite.
Bref, l’humour fonctionne, les voix sont chouettes, néanmoins on reste sur une machine adaptée à toute la famille et donc qui reste dans le registre de l’acceptable par le plus grand monde. Peut-être que l’artwork est l’aspect le plus clivant.
Zombie Yeti encore et toujours
Stern pinball a pris une carte de fidélité chez l’artiste Zombie Yeti, c’est sûr. 5 artworks de flipper achetés, le 6ème offert ! On se fait un petit récap’ par ordre chronologique des contributions majeures de l’artiste : Ghostbusters, Iron Maiden: Legacy of the Beast, Deadpool, Tortues Ninja, Avengers:Infinity Quest, et dernièrement Godzilla.
Peut-on reprocher au fabricant de faire appel à Zombie Yeti si souvent ? Bien au contraire ! Son style très coloré s’adapte parfaitement à nos machines, et la composition est dynamique. Si, pour Godzilla, le choix d’une palette si vive a pu étonner alors que les animations sur l’écran font référence aux vieux nanards japonais des années 60, ici l’univers de Deadpool se prête très bien aux tons saturés. Le personnage ne fait pas dans la demi-mesure, et l’artwork non plus, tout est bien.
Les 3 caisses sont réussies, avec une mention spéciale pour la version Premium, représentant le Mégalodon en train de se faire extraire une dent par l’anti-héros. Ce tableau évoque la scène finale d’une des quêtes qu’on retrouve dans le code. Nous y reviendrons plus tard.
Chimichangas au ver de terre
La seule réserve que j’exprimerai sur les graphismes porte sur les backglasses. La version Pro est un peu fade, et les version Premium et Limited Edition représentent un Deadpool au masque à moitié déchiré essayant d’attraper un chimichanga, une variante de burrito mexicain. Il s’agit d’un des plats préférés du personnage et l’objet d’une quête annexe.
Mon problème : les chimichangas représentés sont particulièrement ignobles, ils ont l’air d’être fourrés au ver de terre ! Un peu comme les blessures de Wade d’ailleurs, ça doit faire partie du style Zombie Yeti. C’est dommage parce que la composition donne une impression très bien rendue que le héros va sortir du cadre.
Je chipote hein. Les backglasses alternatives créées par la communauté sont moins originales, il reste difficile de faire mieux que l’artiste initial.
Des trajectoires inoubliables
Mais entrons dans le vif du sujet, c’est-à-dire le plateau. Toute son originalité réside dans ses trajectoires particulièrement inspirées. La plus impressionnante est cette lane qui démarre juste à droite du mini-Deadpool, le contourne, emprunte ensuite une rampe qui parcourt tout le fond du plateau pour finir sa course dans le katana. Le katana est un toy qui prolonge la rampe et retient les billes dans son manche en vue d’un multiball. Honnêtement, quand le tir est suffisamment précis et puissant pour parcourir tout ce chemin, votre cerveau lâche une petite dose d’endorphine qui rend accro.
Les grandes boucles de fond de plateau font également leur effet. De plus, sur les versions Premium et LE, la boucle par la gauche vient desservir le batteur droit via une rampe qui s’abaisse selon la phase de jeu. Classique, mais très efficace.
Enfin, la rampe de gauche est ultra courte et, après un demi-tour, restitue la bille à grande vitesse sur le batteur gauche. Au passage, elle est composée de métal coloré en rouge dans ses versions Premium et LE, une attention qui nous change des vilaines rampes en plastique.
D’une manière générale, le jeu est nerveux, et les défauts d’attention se payent cher. Pour autant, je n’irais pas jusqu’à dire que les parties sont punitives, car on remarque assez vite l’attention qu’a portée George Gomez à dévier les trajectoires qui rendraient les « avions » trop fréquents (NDLR : un avion signifie une bille qui tombe au milieu des batteurs avec peu de chance de pouvoir la sauver).
Mentionnons le seul bémol de ce plateau : la mini-boucle au-dessus du scoop (le trou) a plus souvent tendance à ralentir la bille qu’à lui donner une trajectoire fluide. Heureusement, son utilité dans les missions est beaucoup moins importante que les autres shoots?
Les toys, un cran en dessous
3 toys viennent enrichir le plateau et les mécaniques de jeu. Le katana a déjà été évoqué plus haut, donc je passe au Mini-Deadpool : au milieu du plateau, une rangée de cibles tombantes masque une cible statique abritée au fond d’une « cavité » (je ne trouve pas de terme plus approprié, pardonnez-moi). Lorsque les conditions sont réunies, les drop targets se relèvent pour emprisonner la bille et déclencher une phase de jeu à 2 billes ou un objectif secondaire.
La petite « grotte » (roooh décidément) est surmontée d’une figurine Lil’ Deadpool dont les bras et la tête gigotent au bout de leurs ressorts. On n’est pas dans de la grosse innovation, mais le charme du mini-personnage est indéniable.
Enfin, une boule à facettes (uniquement sur Premium et Limited Edition) se met à tourner sur elle-même lorsque l’on a activé plusieurs dizaines de fois le spinner de l’orbit de gauche (boucle). Eclairée par un petit projecteur, la boule disco projette ses reflets sur environ un tiers du plateau, le temps que la mission associée se termine, le tout accompagné par une musique 70’s tout ce qu’il y a de plus kitsch. Ambiance garantie !
Oui, les goûts musicaux de Deadpool sont éclectiques, car on entendra à d’autres moments du metal, du rap, de la country, et j’en passe. Et pourtant le tout a une certaine cohérence, façon « playlist de la honte » qui colle parfaitement au personnage. Par ailleurs tous les morceaux sont de bonne facture et composés spécialement pour la machine.
Le gameplay : du pur George Gomez
Je l’ai à peine évoqué, mais le designer du Deadpool est le légendaire George Gomez, qui a donné à notre passion ses machines les plus appréciées, au rang desquelles Monster Bash, un des meilleurs flippers de tous les temps !
Ses tables sont-elles les plus originales ? Non, la palme revient à Pat Lawlor, ça ne fait pas un pli. Mais sont-elles les plus fun, les plus immédiatement compréhensibles ? Sans aucun doute. GG est le maître incontesté des flippers qui plaisent à tous les Pinheads de 7 à 77 ans.
Cette facilité d’accès se retrouve également dans les mécaniques du Deadpool. La trame principale de l’histoire consiste à battre plusieurs « vilains », comme disent les Américains. Pour cela, il faut envoyer la bille dans le scoop et choisir son premier opposant : Sabretooth, Mystic ou Juggernaut. S’ensuit un combat dont les codes sont ceux d’un jeu vidéo comme Mortal Kombat. Il faut faire descendre la vie de l’adversaire avant qu’il ne fasse de même à la vôtre, puis lui administrer un coup final (facultatif pour le scénario mais généreux en point). A chaque méchant sa mécanique, qui consiste bien évidemment à viser un ou plusieurs éléments du plateau.
Une fois les 3 premiers opposants mis à terre, le mini-wizard mode se déclenche. Pour atteindre le wizard Mode final ainsi qu’une autre mini-finale, il faudra en plus compléter les deux quêtes qui consistent à remonter dans le temps et prélever une dent sur un Mégalodon et une autre sur un T-Rex. Ensuite, vous devrez vaincre à nouveau les 3 protagonistes du début, mais ils auront du renfort… Ne cherchez pas à comprendre la logique, il y en a une mais on s’en contrefout 🙂
Je vous laisse le plaisir de découvrir le principe du Wizard Mode et des Mini-Wizard Modes. Certes, j’ai tout juste effleuré le combat avec Sauron le Ptérodactyle, mais mon silence laissera votre plaisir intact. #lowscorepinballwizard #mauvaisefoi
Les astuces pour scorer
Voici des astuces de Pro gamer (pas moi, donc) pour vous faciliter la tâche :
- Les duels se terminent plus rapidement si vous appelez du renfort. Vos alliés sont au nombre de 4 et pourront rejoindre le combat si vous les avez correctement activés au préalable, en parcourant certains trajectoires plusieurs fois.
- Le multibille du mini-Deadpool n’est pas généreux en points. Conservez-le précieusement pour le déclencher durant un combat difficile comme celui contre le Megalodon par exemple. Même conseil pour le Ninja Multiball, même si lui fait monter le score plus vite, même seul.
- Les jackpots du Ninja Multiball augmentent à mesure que vous collectez des étoiles ninja. Ne le lancez pas trop vite en début de partie, sans quoi vos efforts dans cette séquence à 3 billes risquent de ne pas être suffisamment récompensés.
- Un des shoots les plus étonnants de ce flipper est le SNIKT. Il consiste à emprunter le début de la boucle centrale, de rebondir en oblique sur une cible pour emprunter la deuxième moitié de la trajectoire menant au katana. Il s’agit d’un tir à calibrer au centième de degré prêt, et qui multiplie temporairement tous les points par deux. Comme il est cumulable, vous pouvez aller jusqu’à X5 ! Combiné avec un multiball, vous alignerez les centaines de millions.
Du plaisir à tous les étages !
La colonne vertébrale du scénario est complétée par un nombre conséquent de quêtes annexes, je vous en cite quelques unes :
- Attraper des Chimichangas
- Disco Multiball et/ou mission disco (suivant le modèle)
- Ninja Multiball
- Deadpool Multiball
- Deadpool Frenzy
- Katanarama Time
- Mechsuit Multiball (à 4 billes)
- Berserker Rage
- Boom Button
Ne cherchons pas à être exhaustifs, le but est de vous démontrer qu’il y a de quoi s’amuser en dehors du scénario principal.
Comparaison n’est pas raison, comme disent les grands-mères, mais je ne peux m’empêcher de voir la filiation entre Monster Bash et Deadpool. Le second est une version années 2010 de ce que fut le premier en son temps : un jeu fun, simple, qui fait dans l’humour, avec un plateau maîtrisé.
Peu de différences entre Pro et Premium/LE
Chez Pinball Mag., nous apprécions les machines Stern mais conspuons sans aucune retenue le fait d’avoir des plateaux aux mécaniques de jeux différentes selon les versions. En effet, les modèles Pro sont généralement dépouillés de plusieurs fonctionnalités, bien souvent au centre du gameplay sur les autres versions. Par exemple : l’immeuble est statique sur le Godzilla Pro, là où il s’enfonce sous le plateau sur les Premium et Limited Edition.
Modifier l’artwork, ajouter des figurines immobiles de meilleure qualité, rajouter quelques options type shaker ou vitre anti-reflet, OK… Mais amputer le jeu non !
Deadpool marque une transition à ce niveau-là car les différences de plateau sont légères comparées aux machines plus récentes :
- La boule disco et un mode de jeu associé
- La rampe amovible qui dessert le flipper droit depuis la boucle de gauche
Le reste n’est que cosmétique et goodies. On retiendra la cassette audio sur la version Premium et le vinyle pour le LE. Fouillez bien le fond de la caisse !
Un flipper amené à perdurer
L’heure du bilan est venue : est-ce que Deadpool fait progresser l’innovation dans le flipper ? Pas vraiment. Mais restera-t-il un jeu agréable même dans 20 ans ? Sans aucun doute.
Et la question la plus importante de toutes : restera-t-il longtemps dans ma gameroom ? Tant que je n’ai pas atteint et scoré sur le Wizard Mode, certainement ! Et même si je progresse un peu chaque semaine, j’ai encore de la marge.
Et pour prolonger le plaisir, voici les règles du flipper Deadpool.